Imaginez un produit alimentaire dont le cahier des charges serait entièrement défini par nous, les consommateurs… C’est le concept de la marque “C’est qui le patron ?” lancée à l’automne 2016. D’abord avec une brique de lait UHT toute bleue et un message simple en lettres blanches : « Ce lait rémunère au juste prix son producteur ». Et ça marche : avec 500 000 litres vendus dès le premier mois, ce lait part comme des petits pains.

Une première
Cette histoire de lait ne nous est pas complètement étrangère. Dans la région de la Bresse, une cinquantaine de producteurs rassemblés en coopérative souffrent depuis plusieurs années du contexte de crise. Ils ont de petites exploitations à taille humaine qui restent dans une philosophie de travail de qualité (majorité de fourrages cultivés à la ferme permettant de nourrir les vaches avec les ressources de l’exploitation, pas d’OGM, mise en pâturage dès que possible, etc…). Chacun s’entraide et tente de résister. Mais l’été dernier, lâchés par des industriels italiens, ils sont au bord de la faillite. La date du 11 novembre sonne comme une date butoir, synonyme de fin d’activité pour certains.

Les producteurs tentent donc le tout pour le tout et poussent la porte d’un magasin Carrefour local (à Vonnas). Le directeur du magasin, sensibilisé par la situation, fait remonter le message jusqu’au responsable des produits frais de l’enseigne, Marc Delage. Un embouteilleur, Emmanuel Vassenneix (Laiterie de St Denis), se montre intéressé. Le projet est lancé : le lait sera acheté 390€/mille litres (contre seulement 200 € en début d’année).

Le 17 octobre 2016, les premières briques de lait atterrissent dans les rayons de Carrefour et font un carton. Sans publicité ni commerciaux pour mettre le produit en avant. Le 11 mars dernier, elles font leur apparition chez Intermarché, Cora et Auchan.

Grâce à la mobilisation de tous, 50 exploitations familiales au bord de la faillite entrevoient désormais un tout autre horizon pour tenter de sortir de la spirale dramatique qui les condamnait. Le seuil de rémunération des producteurs est intouchable puisque c’est un critère d’achat fixé par les consommateurs. Ce paramètre change complètement la donne, et pourrait résoudre de façon définitive leurs problèmes.

Côté consommateurs, que va coûter de plus ce lait de qualité équitable ? Tout au plus 4 €/an, soit 35 centimes par mois. En rajoutant ces quelques centimes nous avons la possibilité de sortir une profession toute entière d’une situation intenable.

Si cette première opération est un succès, bien des secteurs pourront profiter de cette approche nouvelle. Acheter un produit, « c’est un peu mettre un bulletin de vote dans l’urne ».

+ d’infos : https://lamarqueduconsommateur.com

Ci-dessous le cahier des charges retenu pour le lait vendu par “C’est qui le patron ?” (6850 votes).
Rémunération des producteurs : (Qui permet au producteur de se faire remplacer et de profiter de temps libre). Origine du lait : France
Pâturage : mise au pâturage 3 à 6 mois dans l’année – Alimentation des vaches hors pâturage : alimentation garantie sans OGM
Alimentation des vaches hors pâturage (Oméga-3) : apport en luzerne, trèfle… dans l’alimentation favorisant les Oméga-3 dans le lait – Origine des fourrages : fourrages locaux (moins de 100km du lieu d’élevage).
Emballage : brique de lait avec bouchon

Fabienne Bouchage

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