Geneviève LA BATIE ballad et vousElle a traversé les tumultes du XXème siècle, vu naître la révolution technologique et les mouvements féministes. Depuis un an, Geneviève LA BATIE a rejoint l’EHPAD de Champagne-en-Valromey, où elle vient de fêter ses 99 ans. Solitaire, elle se tient à l’écart de l’information et préfère vivre dans ses souvenirs. Des souvenirs qu’elle accepte de nous confier, comme un témoignage du siècle passé…

Une jeunesse dans le Nord

« Je suis née à Paris le 27 mars 1917, dans le 16ème arrondissement. Mon père avait été mobilisé comme infirmier ; 6ème enfant de la fratrie, je l’ai libéré de ses obligations militaires… ». La famille CALONNE repart alors dans le Pas-de-Calais, dont elle est originaire. « Ce fut une période très triste(…). Mon frère est mort après ma naissance ; malade, il n’a pas reçu les soins nécessaires. C’était la guerre… »

Sa jeunesse se déroule près de Béthune.
« J’ai été élevée à la bière, raconte-t-elle avec une pointe d’ironie. Papa était brasseur, il fabriquait de la bière de ménage, les enfants en buvaient tous ! J’ai commencé à boire de l’eau à 9 ans à l’entrée en pension…. ».
Jusqu’à ses 17 ans, elle apprend « à être une bonne ménagère ».
Coudre, couper, tenir son ménage… Elle rencontre Paul La BATIE, qui deviendra son mari. Ils quittent Béthune, Jean-Paul naît peu après.

La guerre

1939, c’est la mobilisation, Paul part à la guerre puis en captivité en Allemagne. A son retour, 6 ans plus tard, son fils a bien grandi, il a 8 ans, et accepte difficilement cette nouvelle autorité… Car pendant tout ce temps, Geneviève a tenu les rennes du ménage.
« Des amis m’avaient trouvé un appartement, rue Claude Violet à Lyon. Je percevais une petite indemnité, il a fallu que je me débrouille seule avec mon fils, que je gère mes finances. »
Un jour un télégramme annonce enfin le retour des prisonniers. « Je me souviens de moments très forts, mais il a fallu 1 an pour se réhabituer. Mon fils et moi vivions en vase clos, j’ai dû passer les rennes. »
Paul n’a plus aucune idée de la valeur de l’argent. « A la frontière chaque prisonnier avait reçu 100 F d’indemnités, mais à leur arrivée à Lyon ils n’avaient même plus de quoi se payer un verre de Beaujolais ! »

La vie, une belle aventure

La vie reprend son cours. Paul travaille à la banque, Geneviève s’occupe du foyer, de leurs deux fils. Dans les années 80 le couple s’installe dans la maison familiale de Vieu. Paul crée avec plusieurs maires des environs l’association “Sites et monuments du Valromey”, à l’origine du musée de Lochieu. « Mon mari avait les idées, mais je faisais tout ».

Pendant 30 ans, Geneviève travaille bénévolement pour le musée, qui ne perçoit alors aucune subvention. « Je n’ai jamais touché un sou, mais cela a été une belle aventure. Aujourd’hui les mentalités sont différentes… »

Des soubresauts de ce siècle passé, que retient-elle ? « La guerre a permis aux femmes d’avoir un travail rémunéré. Moi je suis passée à côté. J’ai un tempérament résigné, j’ai subi, j’avais été éduquée comme cela ».
De tous les bouleversements que Geneviève LA BATIE a connus durant ces 99 ans, c’est l’évolution de la finance qui semble l’avoir le plus marquée. « Le reste, on s’y habitue… »
Paul LA BATIE est ancien combattant, hautement décoré, diplômé de l’Ecole supérieure de commerce de Lyon. Il est mort en 2002.

L’Association “Sites et monuments du Valromey” est implantée à Lochieu (Musée rural du Valromey) dans le département de l’Ain.

Fabienne Bouchage

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