Quitter Belley en direction de Chambéry, c’est passer du Bas-Bugey au Petit-Bugey savoyard. Pour bien nous montrer qu’à l’approche des Alpes, il convient de porter haut nos regards, trois bâtisses mémorables nous incitent à le faire… Tout d’abord du côté France, pardon du côté Ain : la chartreuse de Pierre-Châtel domine de peu un petit fort faussement qualifié de décor de film, mais cela est une autre histoire…

  Avant de pénétrer dans Yenne, notre attention se pose sur la gauche : à flanc élevé de montagne une étrange presque ruine, sujet de notre propos questionne l’imagination.

  Le début de la résolution de cette énigme, c’est la naissance le 15 août 1819 de Pierre Boisson dans le hameau de Yenne à Loisieu. Sa famille est modeste et à l’âge de 21 ans (d’autres disent 16 ans), baluchon sur l’épaule, il franchit le col du Chat et rejoint Marseille dans une péniche (selon certains) et s’embarque sur un vapeur comme chaufournier (d’autres disent mousse)…

Il débarque à Caracas, où en quelques décennies il fait fortune comme dentiste !

Premier mystère : faire fortune en ce temps-là au Mexique en arrachant des dents ? Admettons.

A son retour en France en 1875, à 56 ans, il habite à Yenne, une maison au 4 rue des prêtres. Un blason y serait encore visible.

Pour aller vite, le rêve de Pierre Boisson est d’être inhumé au cimetière de Yenne, mais les autorités de cette ville lui refusent ce droit sous prétexte qu’il est Franc-Maçon, pourtant déiste.

Second mystère : son séjour au Mexique fut sans doute plus profond et spirituel que nous le pensions.

Et c’est le village de Nattages qui lui cède au lieu-dit « les Echelles » au dessus du Rhône un emplacement pour bâtir sa tombe, celle que l’on aperçoit de la route. Cinq années d’efforts, accompagnées de petites histoires plus ou moins légendaires comme le fait qu’il se serait enfermé trois jours par maladresse dans sa tombe…

  Il fait don de sa fortune à la commune de Nattages au profit essentiellement des écoliers (livres prix, voyages…) et ce n’est qu’au début de la Grande guerre qui bouleversa le vieux monde que les élèves chaque année cessèrent de se rendre en rangs d’oignons saluer le tombeau de leur bienfaiteur.

Dernière anecdote : Pierre Boisson se serait fait enterrer debout, comme plus tard Clemenceau, légende dans les deux cas, semble-t-il !

Michel Bigoni

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