Dans les années 1920, la grande Guerre étant terminée, un grand nombre d’avions se trouvaient disponibles et les constructeurs n’avaient plus de commandes…

Il y avait des avions de chasse, petits, pouvant emporter leur pilote, très à l’étroit, et une mitrailleuse. à part les spectacles aériens, fort populaires, ces avions n’avaient pas d’utilité pratique. Les bombardiers, par contre furent convertis en avions de transport de courrier. Ils embarquaient du fret urgent, et quelques passagers aventureux qui ne décourageait pas l’inconfort.

   Les constructeurs s’attelèrent à construire des avions de transport de passagers, au lieu de bombes. Les années 1930 virent l’ouverture de lignes aériennes, et il fallut trouver des systèmes de navigation. Une boussole ne suffisait évidemment pas. La radio-navigation serait pour plus tard, et le GPS pour beaucoup plus tard. Les vols de jour par beau temps et sur de courtes distances ne posaient pas de difficultés, mais il fallait aller toujours plus loin, et toujours plus haut afin de franchir les montagnes, et surtout voler de nuit.

On eut alors l’idée de phares aéronautiques, idée empruntée aux marins. On construisit dans des endroits choisis sur les parcours, des pylônes portant un feu identifiable afin que les aviateurs soient certains de suivre la bonne route. Il devait y avoir une alimentation électrique, un responsable pour allumer et éteindre le phare aux heures adéquates, et pour entretenir l’installation et s’assurer de son bon état. Il fallait également que soit disponible un poste télégraphique pour que le gardien reçoive les instructions du service de l’Aviation Civile. Le téléphone portable était de la science-fiction. Ce gardien devait donc résider à proximité et se rendre disponible à toute heure.

Une compagnie de transport de courrier et de passagers vit le jour au Royaume Uni, Imperial Airways. Il s’agissait de desservir l’immense empire colonial Britanique, les différents parcours ayant peu ou pas d’aérodromes, cette compagnie décida d’utiliser des hydravions. Un plan d’eau relativement calme suffisait, et le survol des mers était moins risqué en cas de panne. On choisit des appareils construits par Short Brothers. Ces hydravions avaient quatre moteurs de 680 cv chacun et transportaient 24 passagers dans un bon confort à 250 km/h, en plus du fret, une tonne et demie de courrier.

Partis de Southampton, les appareils d’Imperial Airways faisaient escale à Mâcon, puis sur un lac italien, mais aussi à Marignane, avant de survoler la Méditerranée. Cette escale de Mâcon se faisait sur la Saône, face au Grand Hôtel d’Europe et d’Angleterre. L’avion était ravitaillé en carburant, une éventuelle opération de maintenance était effectuée, et les passagers débarquaient pour se «ravitailler» et se délasser à l’hôtel. Tout n’allait pas toujours bien cependant ; l’un de ces appareils, Capricornus, (ils portaient un nom commençant par la lettre C), se perdit dans le mauvais temps du 24 Mars 1937 et s’écrasa près du village d’Ouroux, dans le haut Beaujolais, où une stèle commémore les victimes…

La France, mais aussi la plupart des pays européens, érigèrent des phares pour permettre l’ouverture de lignes aériennes. Un phare aéronautique fut construit sur la commune de Parves, en Bugey. Il guidait les aviateurs sur le parcours Genève-Méditerranée, et sur le trajet Mâcon-Marignane. Pourquoi ces deux étapes ? Parcequ’il y avait des plans d’eau. Les aérodromes n’étaient pas aussi nombreux que de nos jours, et il était commode, en utilisant des hydravions (flying boats), de s’en passer, pouvu qu’il y ait des plans d’eau adéquats à intervalles réguliers sur le parcours.

Le phare de Parves faisait partie d’une douzaine placés sous l’autorité du commandant du Port Aérien de Lyon. Devenu inutile, le pylône fut démoli en 1964, et le souvenir du phare aéronautique s’est effacé. Mâcon, cependant garde la mémoire des grands hydravions d’Imperial Airways et en célèbre le souvenir ; en atteste la grande fête aéro-nautique de 2016, pour les 80 ans de cette escale.

Guy Girard

Note – L’information et la documentation ont été puisées dans ‘‘Le Siècle des Nuages’’ de Philippe Forest, dans ‘‘Short Class Empre Boats’’ de Richard Ferrière et Jean-Louis Bléneau, et diverses autres sources sur le Net.
Arrivé à Virignin à l’âge de 13 ans, je me souviens, près du bout de ma vie, avoir vu, certains soirs, un faisceau lumineux sur la montagne de Parves.
Notre secrétaire de mairie, Angélique, qui est de Parves, m’a gentiment aidé, ainsi que Madame Jourdan, conseillère municipale, en questionnant des « anciens » du village, à obtenir l’information : oui, il y avait eu un phare. Encouragé, j’ai effectué le travail de recherche, sur internet principalement, afin de m’assurer que je n’affabulais pas.

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