Un jour j’ai rencontré un artiste, caché derrière son masque  il promenait la tristesse de son art dans les rues de Belley.  Il me raconta que la couleur de ses peintures ainsi que la touche de ses pinceaux produisaient des effets étranges qui ne s’accordaient plus aux lumières inspiratrices de son imaginaire.

  Au lieu de cela il barbouillait des sortes de bidouillages qui ne ressemblaient plus à rien. Il avait le sentiment que quelque chose s’était abîmé depuis que les relations traditionnelles et précieuses qui unissaient son travail à la fréquentation de ses expositions régulières étaient empêchées. Désormais confiné dans la solitude de ses compositions, il avait l’impression d’œuvrer à l’écart, sans avoir l’espoir d’un public chaleureux, fait d’amis ou d’adeptes avec lesquels il lui était agréable d’échanger des choses aimables qui stimulaient sa sensibilité créatrice. Privé de ces événements qui lui donnaient la sensation d’exister et d’être utile, quand les visages accrochaient leurs regards sur des toiles surprenantes de style et de beauté, il se sentait désorienté par une société qui en était arrivée à confiner ses artistes.

     Connaissant la fragilité de ceux qui n’ont que la beauté et le caractère de leur art à offrir, je me devais de réagir pour apporter un peu d’espoir, pour le rassurer et pour calmer l’humeur tristounette du moment. Pour cela il me suffisait d’un rappel, devenu coutumier, celui de dire que l’époque était particulière et que le fait d’avoir remisé le monde artistique dans les coulisses d’un entracte sanitaire ne signifiait pas son abandon.

Comment cela pourrait être possible ? Comment pourrions-nous survivre sans la présence effervescente d’expressions diverses qui illuminent nos existences de couleurs, de musiques, de danses, de théâtres et de spectacles ?

De ces intermèdes qui s’ajoutent les uns aux autres, sans interruption pour satisfaire la soif culturelle de nos enchantements.

  Je lui conseillais donc de rechercher les caresses séduisantes de ses muses et de croire au renouveau qui allait nous sortir d’une nuit de grognes et de doutes pour s’ouvrir sur un printemps rayonnant.

  Qu’il devait retrouver la douceur de ses pinceaux l’éclat de ses couleurs et l’épreuve émotionnelle de ses toiles en attente d’art et de couleurs. Ceci pour ajouter ses œuvres à toutes celles qui se dissimulent encore avant de rejaillir tout autour de nous pour éclairer nos sourires et renforcer notre bonheur de vivre. Car je reste persuadé que les manifestations artistiques détiennent toutes, diverses et réunies, le secret de notre bien-être et de nos équilibres relationnels. Qu’elles accompagnent nos activités pour leur donner une complémentarité indispensable qui s’ouvre sur le plaisir et pour cela nous devrions faire confiance à tout ce qui subsiste d’organisations théâtrales, d’associations musicales, de projets d’expositions culturelles, de musées, de concerts, etc. De toutes ces manifestations nombreuses et exaltantes, là où l’on se retrouve dans des ambiances festives afin de partager ensemble des moments de rêves et d’émerveillements.

     Tout cela pour dire que notre Bugey ne manque pas de ressources artistiques et que sous le couvert de cette pause exceptionnelle, toutes les énergies subsistent.

Que bientôt nous pourrons, de nouveau, être attirés par des tas d’affichettes publicitaires colorées, diverses,  riches de leurs invitations : Concert de Chorale, Fête du Four, Exposition de peintures, Salon du livre, Fête des Voisins, Soirée Théâtrale, Soirée Musicale, Fête de la musique, Humour, Danses, Bal, Fanfare, Conférence, et puis Fête de-ci et Fête de-là.

Et qu’enfin la Fête recommence au creux de nos belles montagnes.

« Jolies montagnes. De mon Bugey. Dans ces campagnes. Toujours je vivrai
L’ennui me gagne. Quand je m’en vais. Loin des montagnes.
Du joli Bugey. »

Paroles d’une célèbre chanson locale à chanter sans modération.

Paul Gamberini 

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