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Photo : (de droite à gauche) Michel Bois, Madeleine Fernandez, Gisèle Vitetta, Cécile Gaudet

Le démantèlement de la « Lande » de Calais a fait les gros titres des journaux… et puis s’en est allé. Les « migrants » ont été répartis sur tout le territoire métropolitain français. Une centaine d’entre eux ont rejoint les CAO (1) de l’Ain, à Bellignat et Bourg-en-Bresse. A Culoz, on n’a pas attendu la couverture médiatique pour venir en aide aux demandeurs d’asile. L’équipe du Secours Catholique Belley-Culoz en est l’exemple type : depuis plusieurs années, les bénévoles de l’association accueillent et accompagnent au mieux tous ceux qui, fuyant leur pays d’origine, tentent de se faire une place dans notre société.

Secours Catholique : Le Foyer Serpollet de Culoz (199 chambres) accueille des demandeurs d’asile de nombreux pays, essentiellement Albanais, Kosovars, mais aussi depuis l’hiver dernier Arméniens, Russes, Africains (Guinée, Soudan, Erythrée, Ethiopie, Congo)… Nous travaillons avec toutes ces populations.

Ballad’Ain : Qui sont ces demandeurs d’asile, des primo-arrivants ? Des réfugiés économiques ou politiques ?
S.C. : Certains sont là depuis 2 ans déjà. Ils ont déposé une demande d’asile à l’OFPRA (2), pour la plupart elle a été rejetée. Ils font alors une demande de recours, ou un dossier étranger malade, et attendent la réponse. Parfois ils risquent leur vie dans leur pays, mais c’est difficile à prouver. Pour nous ce sont des demandeurs d’asile, on ne se pose pas d’autre question.

Ballad’ : Quel est leur profil ? Vous racontent-ils leur histoire ?
S.C. : On reçoit des gens de tous horizons. Ils restent assez secrets sur leur vécu, même si on essaye d’instaurer au fil du temps un rapport de confiance. Par pudeur, ou par crainte peut-être.

Ballad’ : Quelle est votre action auprès d’eux ?
S.C. : Le Secours Catholique ne fait pas de distribution. C’est un choix. Nous nous tournons vers l’écoute, l’accompagnement et depuis cette année nous organisons des cours d’apprentissage du français plus structurés. Nous avons 2 groupes, le premier de 22 personnes (adultes), des débutants, et un autre de 8-10 élèves où le niveau est plus élevé. Ces cours ont lieu le mercredi après-midi à Culoz. Comme certains viennent en couple, on prend aussi en charge une quinzaine d’enfants de 4 à 12 ans. Dessins, jeux de ballon… il faut changer souvent, ils sont très remuants !

Ballad’ : Quelle méthode utilisez-vous ?
S.C. : On s’est basé sur la méthode FLE (3). Les cours durent 2 heures et se terminent par une collation. Les élèves se sont engagés à venir tous les mercredis, de septembre à décembre. Ils sont assidus pour la plupart. C’est convivial et cela crée des liens, même entre eux. Après 16h on fait de l’accompagnement, administratif ou autre. Pour les familles dans le besoin on donne des bons chez notre partenaire (Netto). Avec cela ils peuvent acheter des produits d’hygiène ou alimentaires…

Ballad’ : Au fil des ans, comment voyez-vous la situation évoluer ?
S.C. : C’est difficile, les primo-arrivants sont de plus en plus nombreux, plus de 150 demandeurs d’asile dorment dehors à Bourg-en-Bresse aujourd’hui. Beaucoup de demandes sont déboutées. Or ces gens ne veulent pas repartir, ils restent dans la nature. C’est terrible, surtout quand il y a des enfants. Les enfants ici sont tous scolarisés, souvent il y a de très bons élèves parmi eux. Ils apprennent le français en 6 mois, c’est formidable !

Ballad’ : Qu’est-ce qui a amené ces familles à Culoz ?
S.C. : Elles ne choisissent pas le lieu. Une fois inscrites auprès de l’OFII (4), on les répartit sur le territoire. Culoz accueille en priorité des primo-arrivants, mais pas exclusivement. A Culoz le problème c’est le manque de transports publics.

Ballad’ : Comment perçoivent-ils la France ?
S.C. : Ils ne se plaignent pas, ils sont reconnaissants. Ils espèrent rester. Ils sont impressionnés par notre liberté. « Ici vous faites ce que vous voulez. Chez nous, il faut toujours regarder derrière s’il n’y a pas quelqu’un qui nous suit » nous disent-ils parfois. On s’imagine mal le déracinement que cela représente pour eux. Beaucoup ont laissé leur famille, leur situation… S’ils retournent au pays ils auront échoué.

Ballad’ : Avez-vous un message à faire passer ? Comment peut-on vous aider ?
S.C. : Nous recherchons 2 bénévoles sur Culoz le mercredi après-midi pour s’occuper des enfants. Nous aimerions faire plusieurs groupes en fonction des âges. Entre 4 et 12 ans, ils ont des aspirations différentes. On peut également faire un don, soit directement sur le site internet, soit à notre local. Notre association ne vit que de cela…

Pour les aider : Secours Catholique de Belley Culoz – 25 Rue Saint Jean 01300 Belley. Tél : 04 79 42 24 41 ou www.secours-catholique.org

(1) CAO : Centre d’Accueil d’Orientation. (2) L’Ofpra est un établissement public administratif créé par la loi du 25 juillet 1952. En charge de l’application de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés, puis de la Convention de New York de 1954, il statue en toute indépendance sur les demandes d’asile et d’apatridie qui lui sont soumises. (3) FLE : Français Langue Etrangère. (4) OFII : Office Français de l’Immigration et de l’Intégration

Fabienne Bouchage

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