Affecté au CISB (centre d’incendie et de secours de Belley) depuis le 1er janvier, le Lieutenant Frédéric Petit prend peu à peu ses marques de chef de centre non loin de sa terre natale, la Savoie. En homme discret, il élude savamment les questions trop personnelles. Mais sur son métier, sa vocation, il est intarissable ! 

Ballad’Ain : Comment êtes-vous devenu sapeur-pompier ?

Lieutenant Frédéric Petit : « J’ai commencé ma carrière de pompier volontaire en 2001 dans le massif des Bauges en Savoie et passé le concours de sapeur-pompier en 2007. Je suis sapeur-pompier professionnel depuis 2009, en ayant occupé différents postes en Savoie, dans l’Est et en Ile-de-France au fil de l’évolution de ma carrière. 

Ballad’ : Quel est votre principal objectif pour le CISB ?

L. F. P. : J’ai à cœur de développer encore plus le centre de secours, en lien avec les différents élus du secteur, et promouvoir l’engagement de sapeurs-pompiers volontaires. Comme dans toute la France, on sent une baisse de l’engagement, les effectifs s’érodent, même s’ils restent confortables ici.

Ballad’ : Quelle sera votre méthode ?

L. F. P. : Avec l’aval de ma hiérarchie je souhaite organiser des journées « portes ouvertes » au CISB, pour faire connaître notre métier, loin des clichés. En lien avec les différentes collectivités nous voulons développer une culture de la sécurité civile, sensibiliser aux gestes qui sauvent et au « porter secours », quel que soit votre âge. Nous devons communiquer davantage sur nos techniques et donner à d’autres l’envie de nous rejoindre.

Ballad’ : Que diriez-vous à un(e) jeune sur le métier de sapeur-pompier professionnel ?
Comment lui donner envie ?

L. F. P. : Que c’est un « métier passion ». Il faut avoir envie de donner du temps à la collectivité, avec des astreintes, des formations, souvent les week-ends ou pendant les vacances. Il faut en être conscient. Mais les bénéfices retirés sont à la hauteur de cette implication : le bien-être des autres, une certaine reconnaissance, le sens du devoir… Si la société a tendance à se recroqueviller sur elle-même, nous allons à contresens, nous proposons une ouverture aux autres. Il est toutefois important de différencier le métier de sapeur-pompier professionnel de l’engagement des sapeurs-pompiers volontaires.

Ballad’ : Concrètement, comment se répartissent vos interventions ? 

L. F. P. : 77 % des interventions sont des secours à personne, 8% des incendies, le reste se répartit entre inondations, ascenseurs bloqués, interventions auprès des animaux… L’éventail est très large. Donc même si on n’est pas au top niveau physiquement, on a sa place chez les sapeurs-pompiers ! 

Ballad’ : Quelle place occupent les femmes dans le monde des sapeurs-pompiers ?

L. F. P. : Globalement elles représentent 21% des effectifs. Evidemment on voudrait tendre vers la parité. Il faut casser l’image du pompier « macho », même si la communication à travers les films et séries ne nous aide pas beaucoup ! Les femmes ont toute leur place chez les sapeurs-pompiers.

Ballad’ : Depuis l’automne dernier le service des urgences de l’hôpital est fermé toutes les nuits de 17h à 8h. Quel impact cela a-t-il sur le quotidien de la caserne ?

L. F. P. : Nos interventions sont deux fois plus longues en moyenne, puisqu’il faut emmener les personnes prises en charge à Chambéry, voire Ambérieu. L’impact sur notre activité est conséquent.
Des discussions sont en cours, entre les services de la préfecture, l’ARS… pour identifier des axes d’amélioration. 

Ballad’ : L’année 2023 a été l’année la plus chaude jamais connue dans le monde, 2024 semble suivre le même chemin. La question de l’eau vous impacte-t-elle dans vos interventions ?

L. F. P. : Les communes détiennent des réservoirs d’eau dévolues aux incendies. Par ailleurs, les techniques opérationnelles d’extinction ont évolué avec le matériel. On utilise de moins en moins d’eau pour éteindre un feu, grâce aux lances à débit variable et aux bâtiments eux-mêmes, qui dans le domaine public limitent la propagation des flammes. 

Ballad’ : Vous qui arrivez dans la région, quel regard portez-vous sur notre Bugey ?

L. F. P. : La région a beaucoup de charme, le secteur semble très dynamique. J’aime beaucoup le côté nature, tout en ayant les avantages de la ville. C’est une région très agréable à vivre, avec la proximité des montagnes, des lacs…

Ballad’ : Comment s’annonce l’été 2024 ?

L. F. P. : Les sapeurs-pompiers de l’Ain seront mobilisés sur plusieurs fronts : tout l’été nous viendrons en renfort de nos collègues dans le sud pour lutter contre les feux de forêt. En juillet, c’est aussi le passage du Tour de France dans la région. Et cette année est particulière du fait des Jeux Olympiques de Paris. Nous allons être sollicités pour prêter main forte à nos collègues de Paris et Lyon sur différents sites. Sans compter les vacances… Nous avons l’habitude de réagir, nous nous adapterons, nécessairement ! ».

Propos recueillis par Fabienne Bouchage


Les sapeurs-pompiers en chiffres
254 800 sapeurs-pompiers en France, dont 43 000 sapeurs-pompiers professionnels, 198 000 sapeurs-pompiers volontaires, 13 000 sapeurs-pompiers militaires (Paris et Marseille) + 11400 personnels administratifs et techniques. 

Effectifs du CIS
61 sapeurs-pompiers volontaires, 11 sapeurs-pompiers professionnels.

Les femmes sont au nombre de 10, soit un peu moins que la moyenne nationale ! 

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