La ville a-t-elle un genre ? Les rues et les places sont-elles aussi accueillantes pour les femmes que pour les hommes ? Les aménagements répondent-ils aux attentes des un(e)s et des autres ? L’espace public est-il égalitaire ?

Si ces questions peuvent faire sourire ou surprendre, elles sont pourtant posées par les chercheurs depuis quelques années sur le terrain. Il y a depuis peu une prise de conscience que la ville a été conçue par et pour les hommes. « L’espace public appartient à tout le monde et on peut y circuler librement ». Et si ce qui semble être une évidence n’était finalement qu’une idée reçue ?

L’aménagement de l’espace public est un processus collaboratif qui fait intervenir différents acteurs : investisseurs, associations et élus.

Or malgré les lois sur la parité, il n’y a que 19,8% de femmes maires en France…  On peut pourtant penser que des femmes seront plus attentives à certaines questions qu’elles auront elles-mêmes vécues.

Un cas concret : celui des toilettes publiques. La chercheuse britannique Clara Greed a ainsi démontré que les femmes étaient la catégorie de population qui avait le plus besoin de toilettes publiques propres, sûres et bien aménagées… mais que c’est aussi celles qui y ont le moins accès dans l’espace public ! D’où la nécessité de mettre des toilettes accessibles régulièrement un peu partout sur le territoire et pas seulement des sanisettes destinées aux hommes…

Il est aussi possible de trouver des alternatives comme passer des accords avec les bars ou les restaurants, par exemple.

Des solutions existent pour remédier à ce déséquilibre de genre : réorienter les budgets des municipalités. Car 75% des budgets publics destinés aux loisirs des jeunes profitent aux garçons, toutes activités confondues – notamment par l’intermédiaire de l’attribution de terrains de sports d’accès libre, tels que skateparks et citystades par exemple.

Mais pour penser l’espace public autrement, encore faut-il convaincre ses concepteurs de changer de point de vue. Certains pourraient objecter : « un banc, ça n’a pas de sexe ».

Pourtant, les bancs ont un rôle social et symbolique. Les femmes occupent rarement un banc seules, sans rien faire. Et encore moins en bord d’une route.

Il y a donc toute une réflexion à mener, par exemple sur les bancs de convivialité (disposés face-à-face ou collés les uns aux autres). Plus largement, une réflexion pointue reste à mener sur la signalisation et sa visibilité, l’éclairage des rues, ou encore sur les arrêts de transports en commun (dont les femmes sont les plus importants usagers). La journée du 8 mars n’a pas la même force symbolique « selon que vous serez puissante ou misérable », selon que l’on habite dans un beau quartier ou dans une périphérie populaire, en ville ou à la campagne.

Une municipalité sensible à légalité femme-homme peut agir pour que tous et toutes se sentent inclus, en sécurité et heureux dans l’espace public.

Fabienne Bouchage

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