C’est une histoire aux airs de saga familiale, qui traverse les siècles mais aussi les frontières. Fin XIXème, une famille italienne quitte son village natal du Piémont dans l’espoir d’une vie meilleure. Les frères Della Bianca gagnent l’Ain où ils s’installent en tant que « plombiers ferblantiers vitriers ». Cent ans plus tard, le destin d’une jeune femme bascule en épousant l’un de ces descendants. Elle reprend alors la boutique familiale, la développe et la modernise.  Cette femme, les Belleysans la connaissent bien puisqu’il s’agit d’Annie Dellablanche.

Rencontre
Ballad’Ain : « Vous fêtez cette année les 130 ans de la boutique Dellablanche. Quelle formidable longévité pour un commerce au sein d’une même famille !
Annie Dellablanche : Oui, nous avons retrouvé un acte d’achat datant de fin 1890, nous pensons donc que l’activité a démarré début 1891. C’est approximatif car à l’époque on ne s’enregistrait pas auprès de la CCI ! Les hommes de cette famille étaient tous plombiers ferblantiers vitriers, cela s’est transmis de génération en génération. Les pionniers ont acheté la boutique au 23 rue de la République pour vendre ce qu’ils fabriquaient. Les dames tenaient le magasin.

Ballad’. : Della Bianca, Dellablanche… A quel moment le nom s’est-il transformé ?
A. D. :  Le nom Della Bianca s’est francisé tardivement, puisque dans les années 70 mon mari a fait l’armée sous le nom « Della Bianca dit Dellablanche ». La transformation du nom n’était pas encore officielle à ce moment-là.

Ballad’. : En 130 ans, la boutique a sans doute beaucoup évolué ?
A. D. :  La boutique initiale était deux fois plus petite que celle de maintenant, la 2ème partie a été rachetée beaucoup plus tard par mes beaux-parents. Mais le métier aussi a évolué : au départ, on vendait des lampes à pétrole, des seaux en fer blanc, des couronnes mortuaires en perles… La génération d’après s’est orientée vers la droguerie quincaillerie, puis la quincaillerie, l’électro-ménager et la vaisselle du temps de mes beaux-parents. A mon tour j’ai pris une nouvelle direction en m’orientant vers la vaisselle, la décoration et les arts de la table.

Ballad’. : Vous avez réussi à embrasser l’histoire de cette famille, même professionnellement parlant. Etait-ce un choix simple pour la jeune femme que vous étiez en 1991 ?
A. D. :  Avant mon mariage j’avais travaillé 5 ans dans l’industrie. Je ne viens pas d’une famille de commerçants et à aucun moment dans ma vie d’étudiante je n’avais songé à en faire mon métier. C’était un vrai challenge de laisser mon emploi salarié pour reprendre la boutique. Un défi que je pense avoir relevé !

Ballad’. : Trente ans après vos débuts, que diriez-vous de cette expérience ?
A. D. :  Je suis contente de mon parcours, j’ai accompli tout ce que j’avais à accomplir. Je ne regrette pas la décision de départ, je me suis vraiment éclatée ! Le commerce m’a amenée à faire de très belles rencontres, très enrichissantes. Même la période que nous vivons depuis plus d’un an m’a permis d’évoluer. Qui m’aurait dit il y a 18 mois que je serais sur www.fairemescourses.fr ? Que je ferais du « click and collect » ?
C’était inimaginable !
Le commerce aujourd’hui est différent, mais pour moi c’est toujours magique et je veux finir en beauté.

Ballad’. : Vous parlez de « finir », comment voyez-vous les années à venir pour la boutique Dellablanche ?
A. D. :  Aujourd’hui, même si je n’ai pas encore l’âge de la retraite et pour des raisons personnelles, je souhaite vendre le commerce. Mais c’est ma passion et cela le restera. Je n’ai aucun regret. Quant à la boutique, j’ose envisager une suite positive et imaginer qu’une autre belle histoire est à venir… »

Propos receuillis par Fabienne Bouchage

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