Pour 2018, les 11 horodateurs belleysans arborent un nouveau « look ». Mais outre la modification « esthétique », c’est la réglementation en matière de stationnement qui a évolué, depuis la loi Maptam applicable au 1er janvier de cette année. Pour en parler, Ballad’Ain s’est rendu dans les locaux de la police municipale de Belley. Yannick Conchon, son responsable, s’est prêté avec beaucoup de pédagogie au jeu de nos questions.

Ballad’Ain : Depuis le 15 janvier dernier, de nouveaux horodateurs jalonnent les rues du centre ville de Belley. Pourriez-vous nous en parler ?

Yannick Conchon : « En réalité les horodateurs n’ont pas changé, seule la façade est différente, avec de nouvelles fonctionnalités. On peut désormais payer en espèces ou par carte bleue, avec ou sans contact, la somme que l’on veut, plafonnée à 18 €. Nous avons bien géré la transition car le système fonctionne depuis mi-janvier quand d’autres communes ne sont toujours pas à jour et n’ont plus de stationnement payant…

Ballad’ : En quoi ces modifications étaient-elles nécessaires ?

Y. C. : La loi Maptam (Modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles) impose depuis le 1er janvier 2018 un nouveau système d’horodateurs pour toutes les communes disposant de stations payantes. L’amende pénale pour infraction au stationnement payant est remplacée par une amende administrative dont les communes fixent le montant ainsi que la durée maximale de stationnement. On ne parle plus « d’amende » mais de « forfait de post stationnement » (FPS). La municipalité de Belley a choisi de maintenir un montant quasiment identique à celui de l’amende précédente, puisqu’il est passé de 17 à 18 €. C’est un geste fort, beaucoup de communes en ont profité pour pratiquer des tarifs bien supérieurs. Au 1er janvier il a donc fallu appliquer la loi sinon le stationnement payant n’existait plus.

Ballad’ : Le stationnement payant est-il vraiment nécessaire dans le centre ville ?

Y. C. : Le stationnement payant est là pour créer une rotation des voitures et libérer des places afin de faire ses courses dans les commerces. C’est la seule alternative. Aujourd’hui l’Etat veut le retour du piéton en centre ville, la loi est faite pour favoriser le report modal, c’est-à-dire des déplacements en mode doux, les transports en commun…

Ballad’ : A quels changements l’utilisateur doit-il faire face ?

Y. C. : Comme je l’ai dit précédemment, l’automobiliste peut désormais payer en espèces ou par carte bleue. Le nouveau système impose la saisie de la plaque minéralogique pour tout stationnement, moyennant quoi 30 minutes lui sont offertes quotidiennement et de manière indivisible. Sans compter la zone bleue maintenue place des Terreaux, totalement gratuite. C’est un effort financier conséquent de la part de la municipalité, pour le bien des commerçants et des clients que l’on veut attirer au centre ville.

Ballad’ : Cela fait 3 mois que le système est en place. Les automobilistes sont-ils au point désormais ?

Y. C. : Après 3 mois de prévention, pendant lesquels les ASVP (agents de surveillance de la voie publique) n’ont pas verbalisé les infractions au stationnement payant, nous allons lancer une nouvelle campagne d’information pour poursuivre l’accompagnement des utilisateurs encore peu ou pas habitués au système. Nous avons pensé à quelque chose de très simple, un visuel suivant pas à pas les écrans affichés sur l’horodateur, que nous disposerons à proximité.

Ballad’ : Le prix du stationnement est-il identique sur toute la zone payante ?

Y. C. : Non, la mairie a délimité deux zones distinctes. Longue durée pour la Place de la Victoire (parking de la poste) et le Boulevard du Mail, courte durée partout ailleurs. La longue durée va jusqu’à 3h30 par ½ journée, la courte durée jusqu’à 1h30 maxi. A ces 2 durées on ajoute 30 min gratuites. Donc 4 h ou 2h.

Ballad’ : Et pour ceux qui habitent au centre ville ?

Y. C. : Il existe de nombreuses places de stationnement gratuit très proches du centre. Le parking Paul Chastel, par exemple, offre 400 places. Mais pour le public il semble loin. C’est la maladie du siècle, on n’aime plus marcher !

Ballad’ : Savez-vous comment les utilisateurs et/ou des commerçants perçoivent ces changements ?

Y. C. : Globalement, nous avons peu de retours, mais nous voyons beaucoup d’automobilistes les utiliser sans problème. Le dispositif est le même qu’à Chambéry ou Lyon, il faut vivre avec son temps. Du côté des commerçants, certains jouent vraiment le jeu et expliquent à leurs clients la marche à suivre.

Ballad’ : Votre bilan, depuis janvier ?

Y. C. : La municipalité a engagé des frais importants pour se mettre en conformité avec la loi. Nous avons consacré beaucoup de temps à la prévention et à l’information. Il faut compter 6 mois de tâtonnement, certains râlent un petit peu, mais d’autres sont très satisfaits. Les deux ASVP tournent beaucoup pour surveiller l’ensemble de la zone, mais ils veillent également sur les sorties d’écoles, les foires et marchés. Cela représente beaucoup de travail. Belley est une ville tranquille mais où l’on s’autorise beaucoup de largesses ! On a la chance d’évoluer dans un certain confort, auquel on s’habitue. Car il fait bon vivre à Belley…»

Et pourquoi pas une zone bleue ?

Dans le bas de la Grande Rue, les horodateurs nouvelle formule n’ont pas bonne presse, c’est le moins que l’on puisse dire ! A l’unanimité, les commerçants interviewés font part de leur désarroi et de leur colère face à cette nouvelle offensive chassant les clients du centre-ville. Beaucoup d’entre eux déplorent que le choix ne se soit pas porté vers une zone bleue, beaucoup plus simple à utiliser et indolore pour le porte-monnaie. Avec un sentiment d’avoir été un peu oubliés, contrairement à l’hyper-centre.

« Les gens en ont marre de payer, ils ne viennent plus » se lamente cette commerçante. Depuis 6 ans, elle assiste à l’érosion de sa clientèle ; entre les contraventions pour défaut de ticket de stationnement et internet, les clients ont peu à peu déserté les boutiques. Ce jour-là, c’est vrai qu’il n’y a pas foule dans la Grande Rue. « C’est encore pire le samedi ! Avant c’était une ville qui bougeait, mais maintenant… y’a plus personne ».

Le prix n’est pas le seul frein au stationnement sur les zones payantes.

« Les ¾ du temps, les gens ne comprennent rien à ces horodateurs » se lamente cet autre commerçant.  Face aux utilisateurs novices, certains d’entre eux sont passés maîtres dans l’art de la pédagogie, et volent au secours des plus perdus. Ou jouent les guetteurs pour leurs clients stressés à l’idée d’être verbalisés…

Une nouvelle fois, ils se sentent malmenés. « On n’a même pas de droit de mettre un panneau sur le trottoir, il faut louer l’emplacement. Pour les fêtes, pas un sapin ou une boule de Noël pour décorer les jardinières… Si la municipalité voulait faire un geste, il y aurait de quoi faire. Mais c’est sans doute déjà trop tard… ».

Propos recueillis par Fabienne Bouchage

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