Innimont Jean-Paul et Philippe.

Jean-Paul et Philippe

Alors que les murs d’Innimont sont recouverts de panneaux dénonçant le risque d’implantation d’un parc d’éoliennes, les trois exploitations agricoles et l’élevage de chèvres continuent par leurs activités à rythmer la vie de la commune.

Rendons visite à l’un de ces exploitants, Jean Paul Monier, éleveur laitier, certes mais diversifiant ses activités comme jadis pour parvenir à une presque autonomie de vie économique. Le jardin potager, les vignes situées sur la commune de Lhuis, les poules…

Et les coqs grattent encore les tas de fumier comme depuis des siècles, à part que ces images d’un autre temps finiront bientôt par disparaître. Il a suffit pour cela d’à peine cinq ou six décennies… Toujours est-il que Jean-Paul, jeune quinquagénaire, travailleur inlassable de cette vie qu’il perpétue et qui fut celle de ses grands-parents et de ses parents, ne jettera pas l’éponge de sitôt ! Bien sûr la traite est mécanisée, mais quelle force morale et physique il faut pour être partout à la fois et présent sept jours sur sept.

Les moments de répit se font à la table de la cuisine devant un bol de café tiré d’une vaste casserole où mijotent pour la journée graines de café et chicorée. Le feu dans la cuisinière à bois ne s’éteint  pas un seul jour de l’année. Le bois « faut le couper et l’amener jusqu’à la maison et il vous réchauffe plusieurs fois avant de finir dans le fourneau ! Mais : « Je n’aime pas trop la chaleur, je dors la fenêtre ouverte par tous les temps… ». Et lorsque passe un ami, et c’est fort souvent, il lui est offert un vin fait maison bien sûr…

Lors de notre rencontre en compagnie de Philippe Dufour d’Arandas, amoureux aussi de la vie traditionnelle, l’heure était aux pains. Régulièrement Jean-Paul, pour lui-même et pour également en faire profiter ses amis, rallume le four communal et cuit une fournée à l’ancienne, histoire de perpétuer le savoir des anciens. Le rituel se déroule ainsi… La veille, le levain a été travaillé, la journée même la pâte est pétrie et répartie dans les « paillats », les corbeilles en patois… Le four est allumé à 14h et une heure plus tard, les pains sont mis au four pour quinze minutes environ, porte fermée. Puis cuisson d’une heure porte du four ouverte. Les pains sont à peine sortis que déjà les amis privilégiés de Jean-Paul peuvent repartir avec sous le bras un de ceux-ci. « La pâte est bien montée cette fois-ci, pas comme la dernière fois… ». Là aussi la ferme Monier perpétue une autonomie qu’elle n’a jamais perdue.

Pendant ce temps, le long troupeau de vaches, conduit par Joël qui aide Jean-Paul à la ferme, remonte de la prairie jusqu’à la salle de traite.

On ne peut que songer à la chanson de Ferrat « que la montagne est belle », paroles si bien venues en cette magnifique journée d’octobre aux teintes pourprées où se répétait encore et encore un temps sans âge.

Michel Bigoni

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