Elle s’avance d’un pas décidé à l’annonce de son nom, un léger sourire aux lèvres. Depuis 1/2 heure environ, Marine* attendait devant la porte de la salle de classe où se déroulent les oraux du jury qu’on lui a désigné. Son excitation masque à peine son stress, son impatience d’en finir. « 15 minutes et ce sera plié… ».

Nous sommes début janvier, Marine est en 3ème et ce jour-là, au collège Lamartine, elle passe le premier oral « officiel » de sa scolarité, la présentation de son stage en entreprise.

Les stages de 3ème sont obligatoires depuis 2005. Les « séquences d’observation en entreprise », comme les a baptisées le Ministère de l’Education Nationale, sont « l’occasion de découvrir ce qu’est la vie économique et de construire son orientation ». 5 jours sur le terrain pour découvrir le monde du travail et s’interroger sur son projet d’orientation.

Quelque 800 000 collégiens se prêteront à l’exercice d’ici la fin de l’année scolaire, majoritairement avant les vacances de Noël et à la veille des congés de février.

La recherche est, le plus souvent, fastidieuse. Ce sont souvent les entreprises où travaillent les parents ou celle de proximité qui accueillent les adolescents. Si de nombreux stages se déroulent dans des lieux que connaissent les collégiens (commerce, centre équestre, crèche, école…), force est de constater qu’ils sont de plus en plus inventifs : cabinet de géomètres, armée, institut de formation aux métiers du design, cabinet d’avocat…

  Pour l’heure, Marine présente aux deux jurés sa convocation et sa pièce d’identité. Elle a 8 minutes pour se présenter et relater son expérience, sans paraphraser le rapport qu’elle a rédigé à l’issue du stage, lui aussi noté. Elle se lance… Le regard en direction du jury, la jeune fille cherche à transmettre son enthousiasme tout en développant les thématiques relatives à son stage.

Dehors, certains de ses camarades sont déjà rentrés chez eux, d’autres attendent leur tour. Entre inquiétude et soulagement, ces adolescents de 14-15 ans, 13 pour les plus jeunes, vivent une première fois. La première d’une longue série, sans doute…

* Le prénom a été changé.

Fabienne Bouchage

Une appli pour trouver son stage

Selon l’Education Nationale, les 2/3 des élèves de 3ème en Rep, réseau d’éducation prioritaire, ont des parents ouvriers ou inactifs. L’association « Viens voir mon taf » a été créée pour que ces collégiens puissent décrocher le stage de leurs rêves et sortir de leurs quartiers.

ViensVoirMonTaf, c’est quoi ?

Un réseau ultra bienveillant de professionnels qui proposent des stages d’une semaine aux élèves sans piston, ceux dont les parents n’ont pas de carnet d’adresses, pas de réseau.

En 5 ans, plus de 3000 élèves ont découvert des métiers qu’ils n’auraient pas forcément imaginés ou dans lesquelles ils n’auraient pas pensé pouvoir se projeter.

Afin ne pas pénaliser ceux qui n’ont pas d’ordinateur, l’association vient de lancer une application mobile qui accompagne le collégien avant, pendant et après son stage. Elle permet de prendre des notes et fait la mise en page du rapport de stage.

L’association et sa nouvelle application sont soutenues par la Fondation La France s’engage.

+ d’infos : www.viensvoirmontaf.fr et fondationlafrancesengage.org

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