Des centaines de milliards de masques et de matériel médical à usage unique. Des achats de produits suremballés et de sacs plastique jetables en forte augmentation. Des centres de tri à l’arrêt et des décharges sauvages qui se multiplient… La crise du coronavirus semble avoir relégué aux oubliettes les problématiques environnementales et annoncer un gaspillage sans précédent.

  C’est une image tristement récurrente dans nos rues depuis le 11 mai : des masques ou gants de protection, usagés et jetés au sol. Le phénomène est observé partout en France. Pendant le confinement, plusieurs municipalités avaient d’ailleurs mis en place une amende de 68 € pour toute personne jetant des masques ou des gants dans la rue.

« Un masque par terre, en plus de générer une pollution, c’est une rupture dans notre chaîne commune de protection face au virus, car c’est potentiellement un déchet infecté que l’on met dans l’espace public », martèle le cabinet de la secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson.

Pour endiguer le phénomène et « informer chacun des bons comportements à adopter » le ministère de l’Ecologie recommande de jeter les masques chirurgicaux, gants, mouchoirs usagés et autres lingettes dans un sac-poubelle dédié, résistant et disposant d’un système de fermeture. Une fois le sac rempli, celui-ci doit être soigneusement refermé et conservé 24 heures avant d’être jeté dans la poubelle des ordures ménagères, et non pas dans celle des déchets recyclables !

Du plastique, encore du plastique…

Il y a quelques semaines encore – une éternité ! – on parlait lutte contre le gaspillage,  réduction des emballages plastique et sacs réutilisables. Il nous avait fallu des années pour en arriver là…

Mais depuis la pandémie, c’est le tout-jetable qui est devenu la norme. Dans les magasins, la fermeture des rayons à la coupe a entraîné une surconsommation des produits préemballés.

L’interdiction des marchés et la méfiance envers les fruits et légumes en vrac a encore renforcé le phénomène.

La production de carton et papier est en surchauffe (les consommateurs ont multiplié les commandes sur Internet), alors que la fédération professionnelle du secteur de l’emballage plastique annonce 30% de production supplémentaire sur les dernières semaines !

  Cette explosion de la quantité de déchets est d’autant plus problématique que le tri sélectif est en panne. Selon Le JDD, entre 42 % et 45 % des centres de tri français ont fermé leurs portes. La plupart des communes stockent les déchets d’emballage dans l’attente d’un déblocage de la situation. D’autres les mélangent aux autres déchets pour les enfouir ou les incinérer…

  Quant aux déchets médicaux, les centaines de milliards de masques commandés dans le monde commencent à s’amonceler. Dans la province du Hubei, en Chine, la quantité de déchets médicaux a quadruplé depuis la pandémie, selon le ministère de l’Écologie et de l’Environnement. Dans le pays, plus de 136.000 tonnes de déchets médicaux ont ainsi été incinérées entre le 20 janvier et le 7 mars 2020. Ne pouvait-on trouver une autre solution ?

En France, un consortium s’est créé mi-mars, à l’initiative du CHU de Grenoble. Scientifiques, médecins et industriels se penchent ainsi sur l’épineuse question de la décontamination des masques chirurgicaux et FFP2 afin de les réutiliser. Cette « task force » est en contact avec des équipes suisses et belges, mais également avec les États-Unis, qui ont aussi monté leur consortium dans ce domaine.

Espérons que ces travaux montrent rapidement des résultats. Car si la pollution atmosphérique a momentanément diminué en Chine et en Europe en raison de la baisse des activités humaines, l’environnement ne sortira pas forcément gagnant de la crise du coronavirus…

Fabienne Bouchage

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