Elle a 15 ans et déjà un pied dans le monde du travail. Steffie a choisi la carrosserie comme voie d’entrée dans la vie professionnelle, un choix original pour cette toute jeune fille, loin des clichés d’usage.
Depuis novembre et jusqu’en juin prochain, elle découvre le métier auprès de Yves, son « maître d’apprentissage », au sein du garage MECA NICO de Virignin.

Curieux, Ballad’Ain s’est glissé dans l’atelier le temps d’une interview. Tandis que Steffie s’affaire encore après une journée bien remplie, c’est Yves qui, le premier, répond à nos questions.

Ballad’Ain : Vous qui êtes chargé de transmettre votre savoir-faire à Steffie, expliquez à des néophytes en quoi consiste votre métier…
Yves : « La carrosserie est un métier, la peinture en est un autre. On est carrossier ou peintre à l’heure actuelle, moi je fais les 2. C’est de plus en plus rare. Le CAP de carrossier s’obtient en 2 ans, ensuite on peut obtenir une équivalence pour la théorie et passer le CAP de peintre en 1 an. Personnellement je trouve cela plus intéressant, c’est un travail complet. J’ai commencé ce métier à 16 ans et je l’aime toujours… Je suis passionné et je vais essayer de transmettre ma passion à Steffie.

Ballad’Ain : C’est une première étape avant l’apprentissage ?
Yves : Exactement. En juin, elle pourra maintenir son choix et partir pour 2 ans d’apprentissage en carrosserie, ou bien changer de branche. L’apprentissage fonctionne sur le principe d’une alternance entre l’entreprise et le lycée.
Ce sera plus approfondi que ce qu’elle fait actuellement, que ce soit au niveau de la théorie ou de la pratique.
Sur les deux formations il y a beaucoup de choses à apprendre mais si cela lui plaît, en 2 ans je l’aurai formée en CAP carrossier et peinture à 80%. A 18 ans elle pourra avoir un métier de carrossier peintre en main, avec un salaire et moi qui serai toujours là pour la guider. Peut-être même qu’elle prendra la relève quand je partirai à la retraite…

Steffie nous rejoint pour poursuivre l’entretien.

Ballad’Ain : Comment est née cette envie de vous lancer dans la carrosserie ?
Steffie : Au départ je voulais faire de la mécanique moto. J’ai testé différentes activités l’année dernière, et puis je suis venue voir Nicolas (Pégoud – le propriétaire du garage). Il m’a acceptée à l’essai pour 1 semaine, ça m’a plu du coup il a accepté de remplir ma convention pour cette année.

Ballad’Ain : Concrètement comment s’organise la scolarité ?
Steffie : Je suis scolarisée au CFA d’Ambérieu. Le temps en entreprise n’est pas aussi régulier que si j’étais en alternance.
Yves : De ce fait quand elle est là c’est intensif, je fais en sorte qu’elle soit occupée. Ce n’est pas un stage d’observation, si on veut lui faire apprécier le travail il faut qu’elle mette la main à la pâte. Elle n’est pas là pour balayer et vider les poubelles toute la semaine… Je ne pense pas qu’ici elle sera dégoûtée du travail, il y a tellement de choses à apprendre ! Quand on démonte une voiture ce n’est jamais la même chose, un choc est toujours différent d’un autre. Certaines tâches sont répétitives, mais globalement c’est une remise en question permanente, c’est ce que j’aime dans le métier.

Ballad’Ain : Steffie, vous avez choisi la filière professionnelle. Est-ce un bon choix selon vous ?
Steffie : Je ne regrette pas du tout. Je n’aime pas trop être assise derrière un bureau, j’ai besoin de bouger. L’année dernière j’ai fait de nombreux stages dans des entreprises pour trouver ma voie, même lorsque c’était très éloigné de mes goûts. Cette année j’ai choisi une activité qui me plaisait, je suis contente.

Ballad’Ain : C’est assez singulier comme choix pour une jeune fille. Quelles ont été les réactions autour de vous ?
Steffie : Mon choix a surpris beaucoup de monde, notamment mes professeurs…
Yves : Effectivement les filles sont rares dans le métier. Durant ma carrière j’ai formé pas mal de jeunes, mais c’est la première fois que je forme une fille. Tout se passe bien, je suis content. La semaine dernière elle a fait du beau travail sur une Ford Fiesta. Elle est appliquée et attentive, ça a l’air de lui plaire. Nous nous entendons bien.

Ballad’Ain : Est-ce que cela change quelque chose qu’elle soit une fille ?
Yves : Pas du tout. Au contraire, cela permet de se démarquer, c’est même un plus pour l’entreprise. Dans une petite structure le métier ne se borne pas à décabosser de la tôle et peindre, c’est plus complexe que cela. Le client recherche un service, il faut savoir le fidéliser.

Ballad’Ain : Et pour la suite ?
Yves : Nicolas a un beau projet d’agrandissement, avec 3 nouveaux box de mécanique. L’atelier actuel sera dédié à la carrosserie peinture, avec la possibilité d’accueillir jusqu’à 4 voitures simultanément, et une nouvelle cabine de peinture.
Tout en restant familial, le garage se diversifie davantage encore : mécanique, carrosserie peinture, véhicules de location, véhicules neufs et d’occasion, en partenariat avec Nissan depuis le début de l’année, dépannage 24h/24… Steffie pourrait se spécialiser dans tout ce qui est « petits chocs », qu’on appelle « carrosserie rapide », ou pourquoi pas, si elle préfère la peinture, faire du design, des dessins sur capot à l’aérographe… Très peu de gens dans le coin en font, cela permet de se démarquer. Aujourd’hui la balle est dans son camp, moi je vais faire mon maximum pour lui faire aimer ce travail. »

Propos recueillis par Fabienne Bouchage

+ d’infos : Garage MECA NICO, 41 Avenue de Bugey, 01300 Virignin.
Tél : 04 79 87 63 21

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