Sapin de Noël ballad et vousIl était une fois un petit sapin de Noël tout neuf, complétement bouleversé par ce qui venait de lui arriver. Préservé, dans une forêt profonde accrochée au flanc d’une montagne saupoudrée de belle neige fraîche, à l’ombre d’une famille d’épicéas nobles et majestueux, il croyait avoir le temps d’étirer sa croissance, séculaire, vers la cime ultime et lumineuse d’un grand âge canonique. Au lieu de cela, on l’avait subtilisé, enlevé, ôté, arraché, de façon brutale, de l’environnement qui devait lui garantir la superbe et la gloire d’une très longue existence. Se sentant condamné, il aurait pu se laisser aller au désespoir en perdant, d’un seul coup, l’ensemble de ses petites épines, celles qui faisaient l’émerveillement d’une maman sapin fière de son rejeton résineux. Mais au lieu de cela, il se sentit investi d’une mission qui se renouvelait depuis le plus lointain de la plus profonde nuit des temps. Il résista, tant bien que mal, pour que sa fraîcheur persistât afin de pouvoir accomplir, avec la noblesse et le courage de son espèce, le devoir ultime et héroïque de son sacrifice de saison.

Aux durs moments de tristesse succédèrent bientôt ceux de grandes joies que seuls les miracles de Noël peuvent engendrer. Introduit dans une famille gazouillante il fût immédiatement adopté, cajolé, dorloté décoré, honoré et admiré.

Tout ce que la forêt ignorait de merveilles, de musiques et de lumières, se retrouvait là, autour de lui, dans une ambiance de fête et de couleurs générée par l’enthousiasme communicatif de quatre bambins turbulents.

Autour de lui se retrouvaient la petite Anne Guirlande, la jeune Julia Papillote, le petit farceur de Pierrot l’Etincelle et le petit Michel Friandise, lequel venait juste de perdre une dent de lait. Il mesura, immédiatement le bonheur qu’il pouvait faire rayonner, paré de tout ce qui faisait la richesse de ses étoiles, de ses boules colorées et de son extraordinaire présentation. La petite crèche, à ses pieds, avait la douceur des symboles délicats qu’il ressentait avec la faiblesse de sa condition. Déjà il savait qu’il appartenait à un autre espace mystérieux qui permet d’entretenir la légende et qui se perd dans l’éternité magique des nuits de Noël. Transcendé par l’événement, il était confiant et heureux.

Au fond de la forêt profonde, on entendit un chant mélodieux qui gonflait comme un murmure et qui se dispersait à l’infini dans le froid de l’hiver, de cime en cime : « Mon beau sapin, roi des forêts, que j’aime ta verdure… »

Une maman sapin se redressa davantage pour écouter, elle était émue et triste mais fière de son jeune sapineau de Noël.

P.Gamberini

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