Un titre suffisamment attractif pour la présentation d’un film d’anticipation, enveloppé dans une musique de style grande aventure, façon « Indiana Jones », avec ses tas de mauvais teigneux, ses fanatiques hargneux et enfin son super justicier, superbe redresseur de torts musclé et grand vainqueur cicatrisé de confrontations épiques.

On peut tout imaginer de cette année nouvelle, douloureusement marquée par les meurtrissures d’une ainée tragiquement tourmentée (2015), laquelle aura épuisé le restant de ses jours dans une sorte de stupeur faite d’incompréhension, de tristesse et de colère, balayant d’un coup l’insouciance d’un monde sécurisé.
Mais faut-il pour autant se laisser aller à perdre notre volonté sinon notre courage à défendre ce qui fait notre façon de vivre. Que nenni ! Alors essayons d’imaginer un peu ce que pourrait être cette nouvelle année, placée sous des auspices adaptés à nos tempéraments débonnaires.
Donc :
Il était une fois 2016 dans le Bugey, ou le « pitch » sommaire d’un film identitaire.

Tout commence dans les bulles actives d’un pétillant réputé pour une fête de nouvel an. La musique ambiante est tirée d’un film de James Bond, histoire de mettre un peu de 007 vivifiant dans les esprits maussades du moment. Les tenues vestimentaires sont soignées et nos girls, pomponnées dans leurs atours valorisants, ajoutent une touche glamour aux célébrations du moment. Les bonshommes en ressortent conditionnés avec cette mâle assurance de ceux qui se sentent galvanisés par une influence résolument virile. Certains songent à se muscler afin de modifier leur silhouette enrobée, en lui donnant des allures compatibles avec le dynamisme espéré.

L’un d’entre eux, un Marcel du coin, sympa, songe aux activités sportives avec l’adoption du fameux 100% Vélo ; il cultive secrètement l’ambition d’ascensions impossibles comme celle du Colombier après avoir éprouvé ses petits mollets gringalets sur les lacets sinueux de la montée de Parves.

On le retrouve essoufflé après quelques tentatives alors qu’il redécouvre les mérites de la Saint Valentin : ce rendez-vous annuel oublié dans les brouillards épais de ses très vieux souvenirs de séducteur. Il réalise qu’il est grand temps d’apporter un peu de stimulant à son intimité flétrie. Aussi, à la manière d’un Jean Gabin de cinéma, il décide d’aller se promener dans les brumes romantiques d’un quai du Rhône pour pouvoir murmurer aux oreilles de sa belle, une Simone du coin, sympa, toute émoustillée : « T’as de beaux yeux tu sais ! ».

Et là on assiste à un prélude exaltant de restauration sentimentale qui décoince de façon époustouflante l’unique séquence torride de l’année. Ensuite, avec le printemps dont on peut entendre la musique révélatrice sur tous les répondeurs téléphoniques du Bugey, merci à Vivaldi, c’est un renouveau chargé d’énergie que Marcel ressent comme une jouvence stimulante. Fort de ses prouesses sportives et de son ménage vivifié il est désormais confronté à tous les embarras d’un quotidien stressant. Pour y faire face il y va de quelques expressions apaisantes dont celle tirée du film « Le Pacha », dans lequel il savoure la réplique culte : « Je pense que quand on mettra les cons sur orbite t’as pas fini de tourner ! ».

Aidé de ce propulseur puissant, Marcel catapulte dans l’espace toute l’engeance pénible qui gravite autour de lui. Puis le temps passe et comme chaque année il admire le défilé du 14 juillet à la télé. Il est droit dans ses bottes pour écouter la Marseillaise et pour s’identifier, sans complexe, aux solides Légionnaires qui impriment une touche martiale aux passages militaires : « Voilà, se dit-il, ça c’est des vrais mecs ! »

Rasséréné il est fin prêt pour les vacances d’été que Simone souhaite passer en Valromey. Lui est pour aller à la mer mais comme chaque année l’un et l’autre s’accordent pour se la faire pépère au bord du lac de Saint Champ. Avec la canicule renouvelée Marcel redécouvre en grognant les effets extraordinaires et désaltérants de l’eau potable, non sans maudire les utopistes bavards qui prétendent contrôler les excès climatiques. Heureusement l’automne se passe dans la fraîcheur avec ses chrysanthèmes et avec le 11 novembre, où le recueillement impose le respect des héroïsmes tombés pour nos libertés.

Là encore Marcel est au garde-à-vous avec l’esprit frappé aux Couleurs Nationales. Et Noël arrive avec son ambiance portée aux douceurs, aux rêves et à l’amour universel. Simone, en maîtresse valeureuse d’une période festive incontournable, rassemble sa famille aux générations confondues dans un émerveillement de saison. Marcel, qui rechigne aux dépenses excessives du moment, se calme en suivant, rigolard, la pièce télévisée : « Le Père Noël est une ordure ». Puis, de nouveau, survient le jour de l’an et tout recommence.

Voilà, rien que de très normal dans cette vision des choses conforme à l’état d’esprit d’une facture fantaisiste et traditionnelle qui nous ressemble. Amen !
Bonne année !

Paul Gamberini

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