On pourrait admettre que s’il y avait, un jour d’avant, on devrait avoir, un jour d’après, histoire de refermer la parenthèse d’une période pénible, épisodique et incertaine, mais surtout révélatrice de nombreuses incohérences.

Mais si on réussissait, enfin, à vaincre le virus malfaisant, qui nous bouscule, puis à réduire les traumatismes résiduels qui subsistent dans les esprits, on ne devrait pas s’attendre à un retour immédiat des choses d’avant. Du moins compatible avec les sacro-saintes habitudes de nos comportements naturels, en usant de vieux réflexes qui nous permettent de tout oublier. Certes, nous ne sommes pas dans une guerre conventionnelle avec de dramatiques situations violentes et des menaces qui avivent les courages les plus extrêmes, avec pour aboutissement des paroles célèbres, comme celles entendues lors de la libération de Paris : « Paris outragé, Paris brisé mais Paris libéré ! »

Le combat est d’une autre nature, bien sûr, mais avec une conclusion que l’on pourrait adapter au contexte épidémique local, déclarée par un libérateur de circonstance, si jamais : «  Le Bugey contaminé, le Bugey paniqué, mais le Bugey, le Bugey Vacciné ! »

      Ouf voilà ! Après cela on pourrait imaginer une liesse générale exprimée dans les flonflons de fêtes répétitives, joyeuses et enthousiasmantes, vouées à rassembler son monde dans un même état d’esprit fait de plaisirs et de courages, le tout stimulé par une liberté retrouvée. Mais je ne suis pas sûr que le traumatisme persistant soit de nature à déclencher de telles exaltations populaires car le doute s’est installé et la confiance, nécessaire pour allumer le feu sacré d’une renaissance immédiate, en aura été passablement altérée. Les problèmes révélés auront été tellement déconcertants que des colères légitimes pourraient encore contrarier les humeurs suspicieuses de nombreux grognons patentés.

Ce qui fait que chacun d’entre nous devrait apprécier, son,  jour d’après, à la mesure de son petit bonheur personnel, en alignant quelques sourires discrets, pincés ou inquiets et en s’accordant quelques petits plaisirs à ajouter les uns aux autres. Comme une sorte de réanimation permettant d’éveiller les sens pour les accommoder, de nouveau, aux plaisirs de la vie.

     Pour ma part j’envisage déjà ce retour à la normale de façon mesurée, comme une délivrance en savourant chaque instant avec le plaisir que l’on accorde aux premiers rayons du printemps.

D’abord en retrouvant les charmes de nos bistrots avec le service d’un petit café élevé en symbole, celui que l’on accorde aux bonheurs simples de l’instant, de ceux qui s’accompagnent d’odeurs, de rencontres imprévues, d’échanges et même de patience à attendre l’arrivée amicale d’un joyeux bavard. Histoire de rompre le silence, à peine bruyant, des conservations discrètement chuchotées autour des tables voisines.

   Ensuite en se faufilant dans les rangées alignées d’une salle de spectacle en partageant l’attente de nombreux spectateurs avant de découvrir le film qui nous fera bien rigoler, tous ensemble, dans un délassement collectif bienfaisant. Puis que dire de la restauration sinon que le retard accumulé au cours d’une longue quarantaine d’abstinence ne m’aura pas engagé à faire des recherches spirituelles d’ermites stylites, le ventre vide et l’esprit tourné vers le ciel pour y chercher les menus gourmands d’un au-delà classé plein d’étoiles (au guide Michelin du ciel).

Je dois admettre que j’ai fait de nombreuses invitations, sans suite, de restaurant à mon épouse,  qu’elle a dû comptabiliser avec la précision d’un registre soigneusement renseigné, ce qui veut dire que le moment venu j’aurai des devoirs d’exécutions qui devront s’étaler sur une période gourmande. Au cours d’un programme de plaisirs et de bons appétits, à partager dans les ambiances retrouvées de notre cher Bugey. Pour un retour souriant à traiter de façon thérapeutique pour le moral et le bonheur du partage, dans des environnements parfumés et enfin respirables, sans masques. Dès, le jour d’après, oui mais quand ?          

Paul Gamberini

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