Il est vrai que les Saints ne manquent pas, même en hiver. Entre le 22 décembre et le 21 mars ils sont assez nombreux pour nous accompagner, chaque jour différent, dans le froid, la bise, la neige ou la glace, tous coincés entre Saint Armand et Saint Joseph allant du début à la fin de la saison en passant par Noël et par la saint Sylvestre.

  Enfin tous ceux dont les quidams moyens ne savent pas grand-chose sinon que pour atteindre à la sainteté il faut avoir des dispositions assez particulières de spiritualité et avoir eu, au cours de son existence, une conduite plutôt sympa, aimable, faite de charité, de bonté et d’autres qualités exceptionnelles. Mais avoir fait des discours tellement dérangeants de prosélytisme ou d’autres bidules moralisants que ceux-ci agacent et les entraînent souvent au martyr dans des conditions où ils se font zigouiller sans anesthésie générale. Cela avant de rejoindre de très longs moments d’éternité à voleter avec leurs petites ailettes bleutées d’anges bénis et en méditant sur leur passé de terriens en songeant que si c’était à refaire ils choisiraient, peut-être, une autre orientation que celle menant à la béatification. Différente en tout cas et avec des conséquences capables de sublimer leurs belles âmes dans des instants de bonheur proches de l’extase. Quelque chose qui ressemblerait à ce qu’il y a de mieux à découvrir : le pur amour pour un être cher bien en chair…Là où on touche au meilleur de ce que l’on peut savourer de la vie terrestre et destiné à s’inscrire à jamais dans la mémoire des plus beaux souvenirs. Ouf !!!!

     Ceci pour en arriver à notre Saint Valentin qui habite, lui, au 14 février, et dont on peut se demander ce qu’il a bien pu bricoler de particulier, de son vivant, pour mériter cet arrêt sur calendrier ?

Quand tous les amoureux du monde se retrouvent à se contempler l’un et l’autre, ce jour-là, avec une attention et une tendresse émouvante, entre deux roses rouges avec épines ou même sans épine. Pour en savoir davantage sur lui il nous suffisait de consulter les archives mais comme tout cela restait assez évasif, le mieux était d’essayer d’imaginer qui aurait pu être notre Saint Valentin, bien à nous, dans notre bon vieux Bugey. D’où son histoire locale :

     Donc notre Marcel Valentin, lui, vivait au troisième siècle. Il était forgeron à Billieu, un petit village du Bugey Gallo-Romain quand la route menant à Marignieu passait devant son échoppe. Là où il avait un boulot d’enfer qui le rendait souvent tout feu et tout flamme pour tout ce qui le passionnait. Tout se passait très bien car il avait d’énormes qualités professionnelles, d’honnêteté, de charité et surtout de convivialité. Il aurait pu vivre pénard, avec modération, mais c’était un grand sentimental et comme toujours, dans ces cas-là, le sort lui réservait des surprises. On était à l’époque des fameuse Lupercales de Marignieu, une coutume païenne au cours de laquelle une bande de zigotos entièrement nus et maquillés en faunes lubriques dansaient comme des fous autour d’un gros châtaignier avant de saigner à blanc un vieux bouc. Le sang de l’animal était destiné à asperger les femmes en mal de fécondité pour en faire des épouses fidèles et prospères. C’était à cette cérémonie que se rendait la femme du consul, Simone, quand elle fit halte devant la forge de Marcel Valentin. En le découvrant elle en oublia très vite le sang du vieux bouc pour combler ses vœux de maternité. Leur amour se répéta ainsi pendant de nombreuses années, à chacune des Lupercales, jusqu’au jour où le consul, désormais papa de nombreux enfants et qui habitait à Belley, eut vent de la vérité. Mis en colère il demanda à un maquignon féroce de régler son problème. Lequel, expert en dénonciations fallacieuses, en profita pour accuser Valentin de pratiquer une religion interdite et de ne pas honorer les Dieux romains, (dont Bacchus, ce qui n’était pas vrai) et de le découper en petits morceaux pour pouvoir alimenter son commerce florissant de reliques. C’est ainsi que notre brave Marcel Valentin fut rapidement élevé à la sainteté et que depuis il protège tous les amoureux du Bugey.

Bien sûr, on n’est pas obligés de croire à cette histoire mais rien n’empêche de fêter la Saint Valentin quand même, avec amour, passion et tendresse.

Paul Gamberini

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