Oui mais pas tout de suite, pas trop vite, sachez me rassurer, me démasquer, me tester, me vacciner….

Voilà, à la façon de Juliette Greco, dans l’une de ses célèbres chansons : « Déshabillez-moi, déshabillez-moi ! » Tout cela prononcé dans un souffle mesuré, nourri de sensualité qui chatouille le désir, qui invite au partage de moments sublimes, mais doucement, sans hâte, sans précipitation aucune, avec la délicatesse de touches hésitantes qui effleurent plus qu’elles ne caressent. Beaucoup en rêveraient encore, avec envie ou avec la nostalgie de vieux bonshommes émoustillés par les plus beaux de leurs meilleurs souvenirs. Surtout lorsque l’imaginaire, éveillé par la musique d’accompagnement, se laisse aller dans les délices d’un dénouement attendu, fondu dans un profond confinement d’intimité fusionnelle…

Bon, là on souffle un peu et on s’arrête un moment !

Certes, tout ça est très éloigné du déconfinement qui nous préoccupe mais on aimerait qu’il ait le même appel, comme un réveil des sens ouvert sur le large espace de liberté qui nous a été, cruellement, confisqué. Il ne s’agit pas de se faire déshabiller, bien sûr, mais d’être rendu à la vie sociale, normale, cool et paisible, débarrassé de tous ces voiles d’empêchements qui nous ont été imposés : ceux de contraintes, de restrictions, de discipline, de privation de bien-être et même de sanctions sévères. Votre permis de sortie, S.V.P. Et ben voyons !

Tout ça parce qu’un méchant virus exotique et baladeur avait décidé de faire du tourisme contagieux tout autour du monde et dans tous les pays insouciants de l’Europe, baignés dans la béatitude heureuse d’une mondialisation débridée. Une petite chose de machin microscopique largement dispersé capable de provoquer une peur panique et de faire prendre conscience, de manière universelle, de nos fragilités oubliées et sévèrement rappelées. Une vraie découverte ! Comme si l’emprise dominante que nous pensions avoir sur la nature, plus ou moins maitrisée ou conquise (de façon abusive selon les plus orthodoxes) recevait une bonne paire de baffes. Et vlan ! Chacun pourra en tirer ses propres conclusions mais sans aller jusqu’à se végétaliser ou se mortifier de façon ascétique en s’imaginant en poireaux, en choux, en salades, en bananier ou en gros baobab pour défendre la terre sacrée des Dieux, qu’ils soient Sylvestres ou Champêtres. De ces espaces conquis, saccagés et même vandalisés par les voyous malfaisants et dévastateurs que nous sommes tous devenus, souvent pour survivre ? Mais restons raisonnables !

Il y aura sans doute beaucoup de leçons à tirer de tout cela mais sans faire trop de « mea culpa » qui relèveraient plus d’un fétichistes de fanatiques que d’un simple bon sens.
De ce fameux bon sens, si souvent oublié et rarement pratiqué par certains illuminés !

Mais on aimerait bien nous sortir de tout ça avec la sagesse de vieux grognons capable de nous ramener à l’essentiel de nos existences, tournées, cette fois, vers une forme de simplicité.
Que ce soit pour nos besoins immédiats d’approvisionnements (de proximité), pour le respect de notre environnement, l’animation de nos centres villes, la préservation de nos traditions et celle du tissu social précieux qui s’y rattache.

Enfin, après la levée, sécurisée, de tous les obstacles de confinement qui nous ont été imposés, quels plaisirs pourrions-nous souhaiter retrouver ?

De ceux de nos habitudes naturelles qui nous permettent de circuler librement, de respirer un air pur et sans reproche, de retrouver nos amis et de partager avec eux les instants bénis de bavardages pétris de bonne humeur. Comme le fait de pouvoir s’assoir simplement, ensemble, à la terrasse d’un bistrot devant un simple café ou autre chose de plus pétillant, juste pour radoter des histoires sans importance ou complétement farfelus.

Cela afin de retrouver, démasqués, les plaisirs hygiéniques, parfois rabelaisiens, de la franche et très Sainte Rigolade. Puis que penser d’une bonne restauration dans l’espace soigné de l’une de nos auberges bugistes, là où la carte se lit attentivement avec l’appétit travaillé par une gourmandise légitime et curieuse alors que les verres se remplissent du soleil d’un Chardonnet qui éveille les sens et accompagne les plaisirs d’une dégustation agréablement partagée. Ainsi il en va des plaisirs simples de la vie que nous souhaitons retrouver.

Et si parfois les choses s’accompagnent d’autres surprises il est possible qu’une douce musique, évocatrice, serve d’invitation pour un abandon dans les voluptés d’une séduction heureuse : « Déshabillez-moi, déshabiller-moi, mais pas tout de suite, pas trop vite, sachez me convoiter, me désirer, me captiver ! »

Merci Juliette !

En attendant : 
Déconfinez-moi, déconfinez-moi ! 
Oui mais pas tout de suite, 
pas trop vite, sachez me rassurer, 
me démasquer, me tester, 
me vacciner….

Paul Gamberini

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