Abordons cette célèbre figure de Bugiste sous l’angle original de la politique et non pas de la gastronomie.

Comment se situait-il ? Réponse lapidaire : comme un Bugiste. Homme éminemment créatif, dans la mesure où il mettait en relation ce qui habituellement ne va pas ensemble, gravité et bonne humeur, lucidité et bienveillance, universalisme et terroir, droit civil et violon, Versailles et Vieu-en-Valromey, Brillat-Savarin fut en politique à la fois conservateur et progressiste. Poursuivi pour « fédéralisme et modérantisme », il fut contraint de s’exiler pour fuir ce qu’il appela « le tribunal révolutionnaire à la solde de la faction de Robespierre ».

La convocation des Etats généraux de 1789 suscita un bien plus grand intérêt en Bugey que le traité de Lyon en 1601. Les Trois ordres se réunirent régulièrement de leur propre volonté, sans attendre que cela leur soit imposé. Leurs revendications en matière de liberté individuelle, d’égalité devant l’impôt et de renforcement des pouvoirs locaux restaient raisonnables. Député du Tiers-Etat à la Révolution, Brillat-Savarin joua un rôle constructif pour la naissance du département, typique d’une situation locale où la noblesse et le clergé surent également coopérer sur l’essentiel, tout en se disputant allègrement sur les limites et le nom du département :

Bugey ? Bresse ? Ain ?

Le décret de 1790 choisit le nom de Bresse puis Ain en 1791 pour éviter toute référence à l’Ancien Régime. Une loi de 1800, sous le Consulat, précisa son organisation en quatre arrondissements. Le nom de Bugey disparut officiellement à cette occasion.

Comme beaucoup d’habitants du Bugey avant lui, Brillat-Savarin sut faire face à de multiples régimes et répondre à des exigences extérieures aussi impérieuses que contradictoires. En 1793, s’adressant au président de la Convention, il évoqua des Belleysans engagés pour défendre la République : « cette jeunesse florissante ne respire que pour protéger la liberté et l’égalité contre les aveugles esclaves du despotisme. » Brillat-Savarin prit alors la présidence de la Société des amis de la Liberté et de l’Égalité, de tendance girondine.

Pour lui, « cette égalité n’est pas un parfait et égal partage de propriété, de richesses, de qualités physiques et morales… car une telle égalité n’existe pas dans la nature… L’égalité vraie est l’égalité de droits et de devoirs. »

Maurice Berrard, suite prochainement sur : www.ballad-et-vous.fr

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