Elle est la figure montante d’une nouvelle génération d’hommes et femmes en milieu rural, loin des logiques de partis. Quadragénaire, maman de 3 adolescents, Pauline Godet se décrit volontiers comme une femme dynamique, généreuse dans sa relation aux autres, sensible à son environnement et soucieuse du droit de l’équité. En 2014 elle est élue maire de la commune de Belmont-Luthézieu, et prend les rênes de la présidence de la Communauté de communes Bugey sud 6 ans plus tard. 

Rencontre avec une personne inspirante

J’aime cette phrase de Pericles « Quand on veut obtenir quelque chose que l’on n’a jamais eu, il faut tenter quelque chose que l’on n’a jamais fait. » Cela dit beaucoup de choses…

 Propos recueillis par Fabienne Bouchage

Ballad’Ain : Maire d’une commune et Présidente de la Communauté de communes Bugey sud, quel a été votre parcours avant d’entrer en politique ?

Pauline Godet : « J’ai suivi des études de commerce, je n’avais pas du tout envisagé une quelconque fonction politique à la base. En 2014, j’ai été élue aux élections municipales dans l’ancienne commune de Belmont-Luthézieu. A l’époque j’étais en congé parental, l’entreprise dans laquelle je travaillais avait déposé le bilan. Beaucoup de personnes sur la liste n’étaient pas disponibles ou ne souhaitaient pas assurer les fonctions de maire. J’ai saisi l’opportunité, j’ai osé.

Ballad’ : De maire à présidente d’une communauté de communes où la parité est loin d’être représentée, comment avez-vous réussi à tracer votre route aussi vite ?

P. G. : En 2017 je me suis beaucoup impliquée dans le projet d’intégration de l’ancienne Communauté de communes du Valromey à Bugey sud. Je trouvais que c’était la bonne direction pour le territoire, que ce projet faisait sens, qu’il correspondait au bassin de vie de nos habitants, sans pour autant dénaturer son caractère rural. J’ai petit à petit intégré diverses fonctions et compétences, comme l’eau et l’assainissement.
En parallèle, sur mon mandat municipal, j’ai initié la fusion des quatre communes valromeysannes. C’était bien entendu un travail d’équipe mais j’en ai été le moteur. C’est dans le contexte de cette fusion réussie que l’on m’a invitée en 2020 à tenter l’aventure de la présidence de la Communauté de communes. Le territoire avait grandi vite, certaines personnalités pouvaient apparaître clivantes, d’autres avaient déjà plusieurs mandats derrière elles… On avait besoin d’une approche peut-être plus moderne et plus fédératrice. Affranchie d’une étiquette politique, je ne représentais pas la ville centre (Belley) mais des plus petites communes, avec une notion de contre-pouvoir souhaité. Je me suis lancée !

Ballad’ : Etre une femme à un poste tel que celui-ci expose-t-il à des actes ou propos machistes / misogynes ?

P. G. : Je n’ai pas été victime d’actes ou propos machistes, au plus quelques propos un peu déplacés mais cela reste anecdotique. Cependant il a fallu gagner le respect et la confiance en tant que jeune femme, pour qui c’était la 1ère expérience. Je pense que cela aurait été plus facile pour un homme, j’ai dû travailler plus pour prouver ma valeur.

Ballad’ : Comment se préserver en politique ?

P. G. : Je ne fais pas de politique de parti, la Communauté de communes peut rester un mandat de proximité. Je ne commente pas les décisions politiques des uns et des autres. Et, ce qui est peut-être un défaut, je ne suis pas trop présente sur les réseaux, avec le souhait de préserver ma sphère privée. 

Ballad’ : Lors de la cérémonie des vœux de la Communauté de communes en janvier dernier, vous avez insufflé un style dynamique et concis, là où beaucoup se perdent dans des discours trop longs…
Pensez-vous qu’il faille dépoussiérer certaines habitudes ?

Ou bien est-ce seulement votre style ?

P. G. : Les deux ! J’ai par essence un esprit synthétique, je sais où je veux aller. Je pense aussi que l’époque n’est plus aux discours trop protocolaires où l’on se flatte les uns les autres, nous sommes là pour rendre compte de notre action. La communication institutionnelle est bien faite sur ces sujets, le reste est superflu.
Nos concitoyens veulent savoir comment ils vont être touchés par les décisions prises, quelle sera l’incidence sur leur quotidien. Ils n’ont pas besoin de trop d’enrobage. 

Ballad’ : En 2026 auront lieu les prochaines élections municipales. On parle de crise des vocations pour la fonction de maire, partagez-vous l’inquiétude à ce sujet ?

P. G. : Je doute qu’il y ait des communes sans candidat(s). Il y aura toujours des gens qui souhaitent s’investir.
Maire, c’est le plus riche des mandats. Il faut aimer la proximité, c’est un mandat très exigeant mais c’est aussi le plus direct, celui qui permet d’agir le plus rapidement. C’est certainement un engagement à temps plein, il faut être disponible et se retrouver avec son équipe autour d’un projet.
C’est aussi de plus en plus complexe, avec le risque contentieux qui pointe le bout de son nez.
Il faut peut-être préparer les choses, aller chercher des vocations.
A nous d’expliquer comment on peut venir s’épanouir dans ces mandats. 

Ballad’ : Qu’aimeriez-vous dire aujourd’hui à la petite fille que vous étiez, si vous la rencontriez ?

P. G. : J’aimerais lui dire d’avoir confiance en elle, de ne pas trop réfléchir, ne pas trop douter. Je lui dirais aussi que si l’époque actuelle nous offre la possibilité de voyager, de vivre des expériences très enrichissantes en parcourant le monde, en se nourrissant d’autres cultures, on peut aussi vivre des expériences et relever des défis passionnants au plus près de son territoire. La ruralité n’est pas synonyme d’ennui, on peut s’y épanouir. Je lui dirais de bien s’entourer, de conserver des valeurs. De saisir les opportunités quand elles se présenteront.

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