Le choix d’un arbre ou d’un arbuste pour servir d’emblème religieux, politique ou moral, est un usage dans nombre de sociétés, anciennes et modernes.
Ainsi, « l’arbre de la Liberté » est à l’époque de la Révolution, l’un des symboles de la liberté fraichement acquise. Planté, en général dans l’endroit le plus fréquenté, le plus apparent d’une localité, comme signe de joie et symbole d’affranchissement, il devait grandir avec les institutions nouvelles. Victor Hugo, le 2 mars 1848, déclarait sous les acclamations : « C’est un beau et vrai symbole pour la liberté qu’un arbre ! La liberté a ses racines dans le cœur du peuple, comme l’arbre dans le cœur de la terre ».
Ces arbres symboles deviennent bientôt la cible des opposants de tous bords : ils furent mutilés, coupés, lacérés d’inscriptions royalistes… Au fil des décennies, ils ont donc rarement survécu aux vicissitudes des régimes. Ce n’est qu’au prix d’un changement de nom ou du remplacement d’un bonnet phrygien par une croix que certains purent traverser les années…
Or depuis quelques mois, des arbres sont mystérieusement déracinés un peu partout en France par des activistes anonymes. Leur point commun ? Avoir été plantés pour célébrer la loi de 1905 (séparation des Eglises et de l’Etat). A travers ces différentes affaires, les motivations des auteurs des faits semblent claires : défense d’une France « catholique » et rejet de la « franc-maçonnerie ».
«Les arbres de la laïcité sont un symbole, qu’on peut d’ailleurs rattacher aux arbres de la liberté de la Révolution française » précise Daniel Keller, grand maître du Grand Orient de France, très attaché à ce rituel. Face à ces décapitations d’arbres en série, les élus s’émeuvent : «On replantera s’il le faut, ils finiront bien par se faire prendre » précise l’un d’eux.
F.B.
Source : www.liberation.fr – http://krapooarboricole.wordpress.com/2008/07/16/arbre-de-la-liberte/