TRIBUNE d’ ETIENNE BLANC
Divonne, le 23 avril 2014
Il ne sert à rien de se référer sans cesse aux principes humanistes qui ont fondé la civilisation européenne pour tenter de constituer des digues contre les votes protestataires nationalistes qui se développent dans tous les pays européens.
Car c’est évidemment l’épineuse question de l’immigration, particulièrement en provenance de l’Afrique qui est à l’origine de ces votes.
La droite ne peut pas contester l’ampleur du phénomène migratoire, les conséquences ravageuses qu’elle emporte sur l’électorat populaire, et le sentiment partagé d’une perte d’identité, en tout cas, d’une perte de pouvoir des États qui subissent l’immigration plus qu’ils ne la contrôlent.
Je souhaite, pour ma part, deux réformes fondamentales que l’UMP doit proposer dans cette campagne :
Tout d’abord la réforme de la politique de regroupement familial.
Le droit au regroupement génère 16 500 entrées sur le territoire national (2013) et 35 000 régularisations de situations irrégulières (2013).
Mais ce droit, issu de la loi de 1976 voulue par Jacques Chirac alors Premier Ministre est à l’origine de tricheries, détournements et de dévoiements.
Par exemple, le droit au regroupement familial a été imposé à la législation des pays européens par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales qui le prévoit dans ses articles 8 et 14.
Le détournement des objectifs louables initialement fixés par la Convention n’est plus acceptable.
Les textes qui en sont à l’origine doivent être modifiés et l’UMP doit s’attacher à des propositions concrètes en la matière.
En second lieu, ce sont les accords de Schengen qui doivent être profondément modifiés.
Les pays européens les plus exposés à une migration provenant d’Afrique, de l’Italie, de Grèce ou d’Espagne procèdent à des régularisations massives, délivrent des titres de séjour ou des visas qui permettent à des flux migratoires d’irriguer l’ensemble des pays européens.
A l’heure où se tarissent les financements des politiques de solidarité, alors que le chômage frappe tous les pays européens, face aux difficultés insurmontables d’intégration du fait d’un chômage de masse, l’Europe doit modifier profondément le Traité de Schengen, tout d’abord pour se doter d’un outil de contrôle mis au service et au soutien des pays les plus exposés, puis, par exception, pour mettre en oeuvre des freins aux principes issus du Traité de Schengen qui veut que tout pays européen soit tenu d’accueillir les personnes immigrées qui se sont vues accorder un titre de séjour ou un visa par un autre pays européen.
En mettant en oeuvre ces politiques, l’Europe ne se renie pas.
Elle ne remet pas en cause sa tradition immémoriale d’accueil des peuples persécutés dans leur pays d’origine.
Elle ne viole pas la lettre de Saint Paul « tu accueilleras l’étranger ».
Elle n’est en rien contraire aux principes d’humanité qui sont au coeur même de notre civilisation.
Elle prend seulement en compte un fait : une immigration non maîtrisée génère des politiques susceptibles de remettre en cause l’idéal européen.