Le 31 mars marque la fin de la trêve hivernale des expulsions locatives, ainsi que la fermeture de certains centres d’hébergement d’urgence temporaire. Chaque année, ce sont quelque 110.000 procédures d’expulsion qui sont ainsi lancées, dont 10.000 demandent le concours de la force publique, et 2 à 3% donnent lieu à une expulsion véritable. Un chiffre qui a plus que doublé en vingt ans. « Un drame humain qui ne devrait plus exister au vingt-et-unième siècle », déclare Patrick Sannino, président de la CNHJ (Chambre Nationale des Huissiers de Justice).

Huissier de justice à Chambéry depuis 38 ans, Patrick Sannino déplore la pénurie de logements sociaux, dont la construction « n’intéresse personne », et l’échec de la loi Dalo (droit au logement opposable) : « C’est une obligation de résultats qu’il fallait, pas une obligation de moyens ». Si son métier a mauvaise presse, lui défend l’huissier d’être « le dernier lien social » pour les personnes en voie d’expulsion. Car on le sait peu, mais la plupart des procédures pourraient se régler à l’amiable : « L’expulsion est un échec pour l’huissier, c’est le dernier recours ; il ne faut pas hésiter à prendre contact avec nous dès le premier impayé, notre porte est toujours ouverte… ».

S’il s’agit de difficultés financières passagères, comme dans 90% des cas, l’huissier de justice peut proposer des aménagements pour le paiement des arriérés ou de recourir à des aides. Si, à long terme, les revenus sont incompatibles avec un maintien dans les lieux dans des conditions acceptables, des démarches d’aide au relogement peuvent être engagées. Enfin, si l’expulsion s’avère inéluctable, l’huissier pourra toujours suggérer aux personnes concernées d’opter pour les solutions prévues dans le cadre de la loi afin d’obtenir un relogement ou un hébergement d’urgence.

Fabienne Bouchage

Plus d’infos : http://www.huissier-justice.org

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