Oui, rencontre passionnante avec Louis-Marius Moulin, alors qu’il grattait quelques pommes de terre nouvelles dans la cour de la maison familiale.

Je ne peux transcrire en mots notre échange, mieux vaut l’écouter. Son fils Pierre était présent, rejoint à la fin par les deux autres, René et Maurice.

  C’est tout un monde aujourd’hui disparu, mais qui reste là, à courir dans nos veines et qui nous donne force à témoigner.

Voilà, une rencontre très riche…

« Je suis né un dimanche, le 28 mars 1915 à midi, le jour de Pâques, dans une famille d’agriculteurs de père en fils.

Je me souviens que mon père avait des maux de tête abominables… Il fut appelé comme beaucoup à la première guerre mondiale. Sur le front, un jour, un de ses compagnons de combat, lui a dit que son sang coulait sur sa joue. Un éclat d’obus avait traversé son casque sans qu’il s’en aperçoive… Il fut opéré et réformé.

Ma mère avait une sœur à Saint-Martin de Bavel vivant avec ses parents. Malheureusement, elle est morte à 20 ans, et pour aider à supporter ce deuil, j’ai été envoyé chez eux, j’avais 5 ans. Mais je faisais souvent la navette jusqu’à Rothonod.

Je me souviens qu’au début, à 5h du matin, comme j’étais enfant de chœur, quand c’était mon tour, j’allais servir la messe. Puis jusqu’à 8h, on gardait les vaches avant de déjeuner et d’aller à l’école. Et à 17h on retournait garder les bêtes.

Et Jusqu’à 14 ans, j’ai vécu cette vie là…

Ensuite, je suis allé au lycée

« Lamartine » à Belley. Mais mon grand-père de Saint-Martin est mort et j’ai dû arrêter mes études, j’avais 16 ans, et avec un p’tit gars de l’assistance, pendant deux ans, j’ai tenu leur ferme….

On produisait 100 hect litres de vin par an. On n’achetait rien, on vendait peu, à part le vin que l’on bradait et un veau de temps à autre avec quoi on s’achetait des souliers… A ce propos, je me souviens que les habitants de Sain-Martin de Bavel qui allait travailler à la carrière de Virieu le Grand, marchaient pieds nus pour ne pas user leurs sabots qu’ils reprenaient pour entrer sur le lieu de leur travail…

C’est vers 18 ans que je suis retourné chez mes parents à Rothonod…

Savez-vous quel était le degré d’avancée de nos vies : nous avions des chars et charrues. Tout d’abord deux vaches pour tirer, puis une vache et un bœuf, puis deux bœufs et enfin un cheval…

Je me suis marié à Saint-Bois en 1944, et j’ai eu Trois fils : Pierre, René et Maurice.

Dernière anecdote avant la suite : A la sortie de la guerre un de mes bœufs s’était blessé. Le vétérinaire m’a conseillé de les vendre pour acheter un tracteur… C’est ce que j’ai fait en acquérant un 20 CV… En deux ans les établissements Bouvier en vendirent 7 dans la commune, les autres agriculteurs s’étant rendu compte des avantages… ».

 (à suivre…)

Michel Bigoni

Louis Moulin

Louis Moulin

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