Les jeux de cartes et la boule lyonnaise occupaient la plupart des loisirs des hommes quelques décennies en arrière. Dans les années cinquante, on se rendait souvent au boulodrome le plus proche à vélo et des parties acharnées de ce noble jeu aux règles précises, bien plus contraignantes que celles de la pétanque, se déroulaient à l’ombre des platanes…
De cette foule de joueurs émergeaient dans la région belleysanne de véritables champions, tels Jean Fognigni, toujours présent sur les jeux, ou disparus comme Jacky Michaud.
Se souvenir aussi de la quadrette championne de France promotion Berrard, Gervasoni, Bernard et Juillet. Il conviendrait de citer des dizaines d’autres grands joueurs tant le Bugey en comptait.
Mais aujourd’hui, évoquons l’un d’entre eux, décédé en 2011 : Ludo Cavagnis. Sa fille Martine chaque année perpétue sa mémoire à travers un challenge fin décembre.
Né en 1919 à Cornalba, en Italie, il travaille toute sa vie aux établissements Barde, puis aux “Sans-Coutures”. Son épouse en 1965 ouvre un café “Chez Ludo” à l’emplacement de l’actuel PMU. Elle le tiendra avec Martine jusqu’en 1986.
La carrière bouliste de Ludo est riche. Il était craint par les meilleurs, surtout en doublette avec son équipier Jean-Pierre Vistalli dit “La Mouine”, décédé d’ailleurs peu avant Ludo. Jean-Pierre pointait et Ludo tirait, gaucher qu’il était, et les deux faisaient merveille.
Le réputé Maurice Perrot de Tenay affirmait que contre Ludo, il fallait se battre jusqu’au bout, c’était jamais gagné… Combien de concours de 64 et 128 doublettes ont-ils remporté ?
Leurs exploits ne sont pas consignés. Il joua également en quadrette avec Ortolan, (l’un des plus fameux joueurs de la région), Darbon et Pichard.
Mais ce que chacun retient surtout de lui, c’est la gentillesse qu’il dégageait, son sourire, jamais un mouvement d’humeur sur les jeux. Il analysait le jeu, un regard à Jean-Pierre et la décision était prise : on tire le but…
A cette époque, les buts étaient légèrement plus gros qu’à présent, et ils volaient souvent plusieurs fois de suite, allongeant indéfiniment les parties. Qui n’a pas assisté à ces joutes ne peut concevoir la richesse et l’art attachés à
« la longue ». D’ailleurs ce sport renaît de plus belle, surtout avec les jeux couverts comme ceux de l’Intégral à Belley. De nouvelles légendes comme celle de Ludo sont en train de se révéler.
Michel Bigoni
Ludo Cavagnis