Le bac dans la poche ou pas, les lycéens disparaissent pour deux mois dans la nature, ou derrière leurs ordinateurs…
A ce propos, revenons à l’épreuve de français du bac section scientifique qui fut pour beaucoup de candidats une « épreuve » au sens propre !
Un des trois textes au choix : un poème de Victor Hugo tiré des “Contemplations” intitulé “Crépuscule”. Et c’est là que le bas blesse.
Rien de bien méchant dans cette rêverie où l’on retrouve les thèmes romantiques de la nature, du temps qui passe, de la mort et de l’amour. En gros : les défunts invitent les jeunes à l’amour pendant qu’il est temps, un peu comme Ronsard avec sa rose…
Ecoutons Hugo :
« Que dit-il, le brin d’herbe ? et que répond la tombe ?
Aimez, vous qui vivez ! on a froid sous les ifs.
Lèvre, cherche la bouche ! aimez-vous ! la nuit tombe;
Soyez heureux pendant que nous sommes pensifs ».
Évidemment cet appel à folâtrer et quelque-peu obscurci par l’ombre des ifs, et puis quand on est à l’aube de sa vie, le crépuscule obscur, on s’en fiche un peu, mais bon, le texte n’est pas sorcier.
Afin d’excuser en partie les propos tenus par quelques lycéens sur internet à travers les réseaux sociaux, souvenons-nous que Baudelaire parlait à son époque de la bêtise de Victor Hugo… Notons que l’auteur des “Misérables” s’était élevé contre la censure frappant Baudelaire avec “Les fleurs du mal”.
Ingratitude ! D’ailleurs ce Baudelaire n’a-t-il pas traité notre Brillat-Savarin plus bas que terre !
Alors, voilà ce que l’on pouvait lire parfois sur internet après le bac :
« Victor Hugo, t’es un bel enfoiré avec ton Crépuscule à la con »
« Victor Hugo c un bâtard il peut pas parler normalement comme les autre »
« Victor Hugo et toute sa compagnie créole de poètes, ils m’ont prit la tête truc de fou »
Et oui, pour certains, le français classique, c’est du chinois ou pire encore.
Mais ne caricaturons pas notre jeunesse en ces temps difficiles, sa sensibilité et ses talents sont grands et multiples : elle a tout à découvrir et inventer. La ronce ne doit pas cacher la forêt.
Michel Bigoni