Ce mois-ci, plein feu sur un métier méconnu dans un milieu qui fait rêver, celui du cinéma.

Chaque film nécessite son lot de figurants pour assurer une certaine crédibilité aux scènes de vie.

Il y a deux ans environ, le film “Associés contre le crime” de Pascal Thomas avec André Dussollier et Catherine Frot a été tourné dans la région entre Aix-les-Bains, Chambéry, Annecy et le château de Châtillon.

J’ai entendu parler de ce film par hasard à ma salle de gym. Une fille avait passé le casting et venait d’être retenue, une autre se disait déçue de ne pas être choisie. Plus de 400 personnes avaient fait ce casting à Aix-les-Bains, deux semaines auparavant. Par curiosité, je me renseigne alors sur ce tournage. Et je décide d’envoyer une candidature spontanée au directeur de casting, sans vraiment y croire. Je suis hors-délai, le tournage a commencé et je n’ai pas passé le casting. Et puis, j’oublie tout simplement cette histoire.

Un mois après, je reçois un coup de fil en fin de journée du directeur de casting. Le tournage va se terminer et l’équipe manque de figurants. Je suis convoquée dès le lendemain à 8h dans une librairie de Chambéry où se tiendra le tournage. Les consignes sont les suivantes : prévoir plusieurs tenues mi-saison correspondants au style d’une cliente de librairie et se présenter maquillée et prête à tourner. Je passe la soirée à me poser des questions existentielles sur les tenues appropriées et décide finalement de préparer une valise avec trois tenues.

 A mon arrivée, le lendemain, des barrières ont été installées et les gendarmes bloquent l’accès à la librairie. Amusée par la situation, je leur déclare que je fais partie du film et je me présente à la costumière. Une fois ma tenue choisie, je me change dans un recoin de la librairie, gênée par la présence d’un technicien perché sur son échelle. La costumière s’est excusée : « désolée, nous n’avons pas de loges ». Et puis, l’attente commence, nous sommes une dizaine de figurantes. Une heure après, André Dussollier arrive, nous attendons toujours devant la librairie. Le bruit du tournage s’est répandu dans Chambéry et de nombreux badauds sont assemblés derrière les barrières. Une dame, ayant trompé la vigilance des gendarmes, vient à notre rencontre pour nous demander si nous sommes des comédiennes. D’humeur badine, je m’offusque qu’elle ne m’ait pas reconnue et lui propose un autographe, ce qui provoque l’hilarité générale.

Et puis, les choses sérieuses commencent, nous sommes deux figurantes pour la première scène. L’assistant réalisateur me demande de marcher sur le trottoir puis de rentrer dans la librairie. Je dois m’arranger pour croiser André Dussollier au niveau de l’entrée de la librairie mais me prévient-il « sans le gêner ». Quelques prises plus tard, tout va de travers. J’ai manqué de percuter André Dussollier qui a du s’écarter pour m’éviter, je commence à marcher trop tôt ou trop tard, je suis hors-champ ou trop dans le champ. Et en plus, je commence à avoir chaud, nous sommes en plein été, je suis trop habillée et les projecteurs chauffent énormément.

Et pour couronner le tout, des centaines de personnes sont, à présent, agglutinées à quelques mètres de moi pour assister aux réflexions de l’assistant du genre : « mais tu marches vraiment comme ça dans la vraie vie ? ».

Oups ! Et, c’est là que j’ai compris que c’était un métier. Comment avoir l’air naturel et spontané dans ces circonstances ?

Je décide de faire le vide dans ma tête et parviens finalement à jouer la scène. J’admire la patience des comédiens.

Soulagée, je me cale dans un petit coin de la librairie pour assister à la mise en place du décor pour la scène suivante. Je suis surprise par le nombre de techniciens à pied d’œuvre qui déplacent des livres, des étagères ou encore s’occupent de l’éclairage. Tout ça pour une petite scène de 30 secondes, c’est impressionnant. L’assistant-réalisateur explique aux figurantes le rôle de chacune. Et puis, il me demande si je veux faire une autre scène. Il n’est pas rancunier l’assistant, ça me redonne confiance. Finalement, je ne me suis peut être pas si mal débrouillée que ça. J’accepte et tourne cette deuxième scène beaucoup plus détendue et sans accroc. Et cette fois-ci, en y prenant même un certain plaisir.

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