L’histoire du baclofène est fascinante. Olivier Ameisen, cardiologue, alcoolique depuis des années, lit des études sur ce vieux médicament, prescrit dans les années 1970 dans le traitement de la sclérose en plaque. La molécule s’étant révélée efficace dans le sevrage de rats alcoolo-dépendants, Ameisen la teste alors sur lui, et les résultats sont probants : perte du désir de boire, bien-être et vie sociale retrouvés… Il témoigne de sa « renaissance » dans Le dernier verre en 2008, un ouvrage qui fait alors couler beaucoup d’encre et médiatise l’intérêt pour le baclofène. Mais il y a un hic : pour obtenir ce « miracle », Armeisen s’est administré des doses croissantes, jusqu’à 5 fois celle prescrite dans son usage initial !

De nombreuses associations se mobilisent alors pour informer et inviter les spécialistes à s’intéresser à ce médicament. Sans attendre, certains psychiatres commencent à le prescrire – discrètement. Malgré de nombreux témoignages clamant les bienfaits du traitement (plus de 50% des patients alcoolo-dépendants traités ont désormais une consommation modérée et contrôlée), l’Agence nationale du médicament – seule instance pouvant délivrer une AMM (Autorisation de mise sur le marché) – se montre très silencieuse et refuse ce nouvel usage du baclofène à fortes doses.

Il faudra attendre plusieurs années pour que la prescription du baclofène soit officiellement autorisée pour traiter l’alcoolisme dans le cadre d’une recommandation d’utilisation temporaire (RTU), donnée pour 3 ans. Le 13 juin dernier, un arrêté instituant le remboursement du traitement est paru au Journal Officiel, faisant de la France le premier pays à reconnaître l’efficacité de la molécule dans la lutte contre cette addiction. Rappelons que l’abus d’alcool est responsable de 49000 morts par an sur notre territoire.

Source : http://www.indesciences.com/la-revolution-baclofene/
Fabienne Bouchage

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.