https://www.l214.com/communications/20180528-projet-loi-alimentation-deputes-lobbies-elevage

L’Assemblée a rejeté toutes les mesures en faveur des animaux

Le 27 mai, les députés étaient appelés à se prononcer sur l’article 13 du projet de loi issu des États généraux de l’alimentation. Interdiction de l’élevage en cage des poules pondeuses, castration à vif des porcelets, broyage des poussins, contrôle vidéo dans les abattoirs… toutes les mesures en faveur des animaux ont été rejetées. Reste une opération de communication bien orchestrée.

Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 : « Cette nuit, dans le discours des députés, le bien-être animal, le souci des éleveurs et des ouvriers d’abattoir ont été répétés en boucle. Dans les faits, l’obéissance aux filières de production intensive a été flagrante. Honteusement, les attentes de 90 % des Français ont été balayées d’un revers de la main par une assemblée fuyarde et lâche, plus soucieuse de ne pas contrarier la minorité bruyante des tenants de l’élevage industriel que d’une société toute entière révoltée par la cruauté de l’élevage intensif. »

Contrôle vidéo en abattoir : expérimentation volontaire

Les débats autour du contrôle vidéo ont connu un scénario analogue.

Olivier Falorni, député de Charente-Maritime, à l’origine d’une proposition de loi qui avait abouti à l’adoption du contrôle vidéo par l’Assemblée nationale en janvier 2017 avant d’être abandonnée dans le projet de loi du gouvernement, s’est vu bâillonné par un dispositif de l’Assemblée nationale (« temps législatif programmé ») limitant son temps de parole et n’a pu qu’assister, impuissant, aux échanges d’arguments fallacieux. Il s’agit d’une atteinte préoccupante au débat démocratique.

Malgré les 80 % de chaînes d’abattage présentant des non-conformités, les députés se sont dissimulés derrière des paroles lénifiantes, en faisant référence à des cas isolés, à une confiance inconditionnelle aux dirigeants d’abattoirs ou en invoquant la non-stigmatisation des ouvriers.

La réalité est tout autre : ne pas se prononcer pour le contrôle vidéo en abattoir, c’est maintenir la pression sur les ouvriers qui y travaillent avec des cadences infernales, c’est fermer les yeux sur du matériel défaillant ou obsolète, et, bien sûr, ne pas se donner les moyens de repérer et caractériser les infractions qui accentuent les souffrances des animaux.

Le travail sérieux d’Olivier Falorni, pourtant reconnu par l’ensemble des députés, passe à la trappe et les abattoirs maintiennent leur opacité.

Des attentes fortes des citoyens, ignorées

Les parlementaires avaient la responsabilité d’ouvrir la voie à un changement de modèle agricole et alimentaire : fixer des échéances pour abolir les pratiques les plus cruelles, telles que les mutilations à vif des porcelets ou le broyage des poussins, prononcer l’interdiction des cages pour les poules et les lapins, renforcer le contrôle dans les abattoirs ou végétaliser progressivement l’alimentation. Au lieu de cela, ils ont choisi de s’en remettre aux filières de l’élevage intensif afin de favoriser des intérêts économiques de court terme, au mépris de l’éthique, des impacts sur l’environnement, sur la santé et à contre-courant des attentes des consommateurs.

En choisissant l’inertie, l’Assemblée nationale et le gouvernement sont restés sourds aux demandes des Français. Alors que 67 % de ces derniers considèrent que les animaux sont mal défendus par les politiques*, le spectacle pathétique offert par la représentation nationale ne peut que leur donner raison. Plus encore, ce sont les souffrances insupportables de millions d’animaux élevés puis abattus chaque jour que les députés ont choisi d’ignorer. En prenant la décision d’avancer à contre-sens de l’histoire, nos députés ont raté un rendez-vous : celui de l’engagement de notre société vers plus de justice et de compassion au bénéfice de tous.

*Sondage IFOP de 2018, source @30 Millions d’Amis.

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