C’est une jeune maman de 6 enfants, auteure d’un blog* distillant des recettes de cuisine bio savoureuses et colorées. Marie Chioca est aussi créatrice et photographe culinaire, l’un de ses derniers ouvrages, « La cuisine de la minceur durable** », donne un coup de pied dans la fourmilière des régimes restrictifs très en vogue. Rencontre avec une femme aussi passionnée qu’insatiable.
Pouvez-vous nous relater votre parcours ?
J’ai commencé à cuisiner vers l’âge de six ans, par passion. Je suis le fruit d’un curieux mélange, entre ma mère, adepte de la cuisine bio depuis ma plus tendre enfance et mon père, Auvergnat, bon vivant, amoureux de la « bonne » cuisine française. Très tôt, je n’ai eu que cela en tête : cuisiner. Mes parents ont été très encourageants, même quand c’était un peu raté. Arrivée à l’âge adulte je me suis consacrée à ma famille, je suis restée à la maison pour m’occuper de mes 6 enfants, par choix et par nécessité. A 30 ans j’ai décidé de faire ce dont j’avais toujours rêvé professionnellement : j’ai contacté plusieurs éditeurs, et publié mes premiers ouvrages culinaires. Aujourd’hui je travaille avec Terre Vivante, une maison d’édition engagée dans l’écologie pratique. Je consacre mes journées à concevoir des recettes de cuisine, les tester, les photographier, écrire les textes… Je suis également auteure d’un blog culinaire, « Saines gourmandises », assez chronophage !
Vous imaginez vous-même toutes ces recettes ?
Oui, on me demande souvent d’où vient mon inspiration… En réalité cela me trotte dans la tête en permanence, même en vacances… Les idées me viennent assez facilement, parce que j’ai beaucoup cuisiné et aussi beaucoup fait d’erreurs. C’est le meilleur moyen d’apprendre ! J’ai raté beaucoup de photos, de recettes, j’ai peu à peu acquis les techniques.
Votre livre « La cuisine de la minceur durable », coécrit avec la diététicienne Brigitte Fichaux, présente un mode d’alimentation sain et équilibré, pour rester mince sans se priver.
J’ai eu l’idée de ce livre, j’en avais les grandes lignes en tête, mais je n’avais pas de légitimité à le faire, il me fallait un éclairage professionnel. Cela fait 30 ans que Brigitte Fichaux fait référence dans le monde de l’alimentation saine, biologique, à travers ses ouvrages, ses conférences, son enseignement. Je ne me serais jamais lancée seule, or Brigitte avait cette envie également. Elle a rédigé toute la partie théorique de l’ouvrage, j’ai fait les recettes et les photos. Nous nous sommes bien trouvées !
Vous aviez des connaissances sur le sujet ?
En ayant eu 6 bébés on se sent forcément un peu concernée ! Je connaissais l’équilibre alimentaire, les portions, la notion d’index glycémique… Mais travailler avec Brigitte m’a beaucoup appris. Par exemple sur la chrononutrition. Au début certaines choses m’ont paru un peu loufoques, comme manger des protéines animales au petit-déjeuner (fromage de chèvre ou de brebis, jambon, œuf…) : je savais qu’on en mangeait déjà trop dans notre civilisation. J’ai décidé de lui faire confiance, et j’ai eu raison : en mangeant une portion raisonnable de protéines au petit-déjeuner, cela remet en place toute la journée alimentaire. Mais rien à voir avec une diète hyperprotéinée !
On parle beaucoup des régimes « sans gluten », « sans lactose », « vegan »… Les lecteurs sont-ils réceptifs à un mode d’alimentation plus « classique » ?
Je suis effarée des proportions prises par tous ces régimes restrictifs. Pour de rares personnes cela peut répondre à une vraie problématique de santé, les autres s’infligent des tortures inutiles. C’est excessif, et souvent dénué de bon sens. Un phénomène de mode, très hollywoodien. Personnellement j’ai eu mes phases sans gluten, sans lait, végétarienne… Mais je ne me suis jamais sentie aussi bien que depuis que je mange de tout, en sélectionnant des produits de qualité, le plus souvent bio et en quantité raisonnable.
Pour vous l’origine et la qualité des aliments semblent essentielles…
Effectivement : le lait stérilisé a perdu beaucoup de sa digestibilité, le beurre industriel a été modifié pour pouvoir mieux s’étaler ; ils sont tous les deux dénaturés. En revanche un bon beurre cru bio, c’est que du bonheur… à condition bien sûr d’être raisonnable ! Quant au blé moderne, il a plus évolué ces 50 dernières années qu’en 5000 ans… Or chaque organisme s’inscrit dans l’histoire de son environnement : le blé moderne nous est devenu étranger, on ne sait plus le digérer, contrairement à l’épeautre. Globalement, il faut se poser les bonnes questions.
Quels sont vos projets en cours ou à venir ?
Je suis en train de finaliser un ouvrage, et d’autres projets m’attendent d’ici fin 2016. Notez que la rentrée sera chargée, puisque deux de mes livres sortent successivement en septembre et octobre prochains chez Terre Vivante***. J’espère qu’ils obtiendront un bon accueil du public, car j’y ai mis tout mon cœur.
* mariechioca.canalblog.com / « Saines gourmandises »
** Editions Terre Vivante
***« La boulange bio faite maison » et « La cuisine bio des jours de fêtes ».